Provence Recyclage – Marseille : Une grève victorieuse11/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1984.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Provence Recyclage – Marseille : Une grève victorieuse

Le patron de Provence Recyclage a sans doute eu du mal à s'en remettre, après une grève de cinq jours de ses employés qui réclamaient le paiement des heures supplémentaires en retard depuis cinq ans, le paiement des heures de nuit, l'embauche de tous les précaires. Mais il a bien fallu qu'il cède, lui qui, depuis sixans que son entreprise existe, clame haut et fort qu'«il n'y aura jamais de syndicat chez lui». Il a d'ailleurs déjà licencié plusieurs travailleurs, dont le tort avait été de protester. Sur les 43personnes qu'il employait, seuls cinq étaient embauchés, vingt étaient intérimaires et tous les autres étaient en «contrats de chantier», c'est-à-dire des CDD qui duraient pour certains depuis plus de cinq ans.

Mais rien de tout cela ne semblait gêner les responsables de la communauté urbaine de Marseille-Provence-Métropole, dont Gaudin le maire de Marseille, qui ont offert à cet individu de gros contrats. C'est Provence Recyclage qui est donc chargé de l'évacuation et du traitement des ordures ménagères de Marseille. Plus de 120tonnes de déchets journaliers. Les salariés doivent sortir les ordures des wagons et des camions-bennes, puis les répandre sur l'immense site de Saint-Martin-de-Crau, qui prend de plus en plus des allures de colline survolée par des nuées de goélands, environnée par des clôtures chargées de capter les sachets en plastique pour éviter qu'ils inondent toute la région.

Depuis cinq ans, les travailleurs se voient imposer des heures supplémentaires non payées pour décharger les wagons de l'après-midi. Le patron a récemment déclaré qu'il allait diminuer les salaires de 150 à 200 euros! C'en était trop: fin juin, les travailleurs ont fait une première grève de deux jours. Résultat: un protocole d'accord non appliqué et une lettre de convocation en vue d'un licenciement contre un travailleur jugé seul responsable de la grève.

Les travailleurs ont alors décidé de se réunir, alors que jusqu'à présent ils ne se voyaient jamais et se connaissaient à peine, travaillant sur trois sites séparés. Ils ont pris contact avec la CGT de Marseille et ont décidé une nouvelle grève à partir du lundi 31juillet. Ce jour-là, la quasi-totalité des travailleurs étaient en grève et se voyaient tous les matins pour reconduire le mouvement. Les wagons de déchets sont restés bloqués sur les voies, les ordures se sont accumulées. Marseille ne pouvait pas se permettre une nouvelle crise après la récente grève des éboueurs.

Alors, le patron a dû céder: trente-huitcontrats précaires vont être transformés en CDI. La procédure de licenciement du travailleur menacé est abandonnée. Les salaires ne baisseront pas. Désormais les heures de nuit seront payées et le rattrapage des heures supplémentaires depuis cinq ans a été accepté.

Méfiants, les grévistes ont annoncé à leur patron qu'ils ne reprendraient pas le travail tant qu'ils n'auraient pas en poche un premier chèque pour les heures de nuit. Et ils l'ont eu! Ils ont touché entre 3500 et 6000 euros chacun.

Mais le patron n'en a peut-être pas fini. Il possède en tout sept entreprises différentes: carrières, recyclage de pneus, transport, goudronnage des routes, entretien de parcs et jardins. Aucune de ces entreprises n'a de syndicat, leur direction se comportant comme le faisait celle de Provence Recyclage. Alors, il est à souhaiter que la première victoire donne des idées à d'autres.

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