Cuba : La maladie de Castro et les vautours de l’impérialisme11/08/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/08/une1984.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cuba : La maladie de Castro et les vautours de l’impérialisme

L'annonce de l'hospitalisation de Fidel Castro a provoqué un déferlement de commentaires dans la presse évoquant bientôt la fin de la «dictature communiste».

Tous ces journalistes prompts à dénoncer la dictature castriste omettent de rappeler que Castro et les siens arrivèrent au pouvoir à la tête d'un soulèvement populaire qui mit bas une dictature, celle du sinistre Batista, qui n'avait aucune commune mesure avec celle de Castro.

Cuba était depuis un demi-siècle une des chasses gardées des États-Unis, qui y possédaient des intérêts, principalement dans le sucre de canne. C'était le deuxième pays d'Amérique latine pour l'importance des investissements américains. Batista préservait tous ces intérêts en même temps que les siens. Les gouvernements des États-Unis le protégeaient, car il était le meilleur garant de leurs intérêts. Même si Batista, comme d'autres de la même engeance, pillait les caisses de l'État et s'enrichissait notamment grâce aux jeux et à la prostitution, dont La Havane, capitale du pays, était un des hauts lieux. Il était commun de dire à l'époque que la capitale cubaine était le plus grand bordel des USA. La mafia américaine y trouvait bon accueil. Tout cela sur fond d'une misère profonde pour les populations pauvres des villes et des campagnes.

C'est contre ce régime de plus en plus haï, même par une partie des classes moyennes, qu'un certain nombre d'organisations se levèrent à l'époque. Parmi elles, mais ce fut pas la seule, celle de Fidel Castro qui choisit dès 1953 la voie de la guérilla pour combattre Batista. À la fin de l'année 1958, Batista dut s'enfuir, ne manquant pas d'emporter avec lui un butin de plusieurs centaines de millions de dollars. Il laissait ainsi la voie libre aux troupes de Castro qui s'emparèrent du pouvoir aux premiers jours de 1959.

Castro ne cherchait pas alors à rompre avec les États-Unis. Bien au contraire, le nouveau régime cubain était en quête d'accords économiques avec tous les États qui le souhaitaient bien. Ce furent en fait les États-Unis qui refusèrent de reconnaître le régime de Fidel Castro. Quand ce dernier mit en place une réforme agraire qui en elle-même n'avait rien de bien révolutionnaire -elle s'appuyait sur la constitution de 1940 rédigée par Batista lui-même!- ce fut une levée de boucliers de la part de tout ce que Cuba comptait de réactionnaires, et des États-Unis. Mais Castro ne plia pas devant ces derniers, comme il ne plia pas lorsque les États-Unis mirent en place un embargo, c'est-à-dire l'interdiction de toute exportation américaine vers l'île. C'est cet embargo qui, bien qu'aménagé, dure depuis plus de quarante ans.

Pour échapper à l'étranglement économique, Castro se tourna vers l'URSS qui, avec les Démocraties populaires, constitua un soutien économique et financier qui permit à Cuba de tenir. La misère à laquelle est confrontée la population cubaine n'est pas à porter au compte du seul régime castriste, mais d'abord et avant tout à cet embargo imposé par l'impérialisme, ainsi qu'au sous-développement de l'île, bien antérieur à Castro. Avec la disparition de l'URSS au début des années 1990, et la remise en cause des accords économiques passés avec celle-ci, la situation ne pouvait pas s'améliorer.

Le régime cubain est une dictature, c'est vrai. On y fait taire les opposants, y compris en les jetant en prison. Et cela nous le dénonçons. Mais derrière le mot dictature, on peut bien mettre des réalités différentes. Même les médias sont forcés d'en convenir, le nouveau régime a eu à coeur de promouvoir l'alphabétisation et un système de soins gratuits tel qu'on n'en trouve nulle part ailleurs dans la région et sur le continent sud-américain. En comparaison, à Haïti, l'autre grande île des Caraïbes, la misère et la violence exercée contre les pauvres sont effroyables. Aujourd'hui encore, l'essentiel du service médical qui existe dans les villages haïtiens est effectué par des médecins cubains, C'est à cela que le régime castriste a dû son soutien de la part de la population pauvre de Cuba, et même d'ailleurs.

En fait, ce n'est pas la dictature cubaine qui gêne l'impérialisme et les plumitifs à son service. Les gouvernements des pays impérialistes, en particulier les gouvernements des USA, ont soutenu et même mis en place directement ou indirectement bien d'autres dictatures en Amérique latine et de par le monde. Ce qu'ils reprochent à Castro, c'est de lui avoir tenu tête depuis plus de quarante ans maintenant, en ayant même fait la preuve, d'une certaine manière, que ce régime offrait une vie pas toujours plus facile, mais plus digne à la population.

Le régime de Castro n'a rien de commun avec le communisme: Castro lui-même ne s'est découvert «communiste» qu'après son accession au pouvoir et son rapprochement imposé par les circonstances avec l'URSS. Mais, face aux attaques de l'impérialisme et aux campagnes de mensonges des médias, il faut être solidaire de ceux qui essayent, tant bien que mal, avec de faibles moyens, d'échapper à la mainmise des grandes puissances impérialistes.

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