Hôpital Beaujon - Clichy (Hauts-de-Seine) : La canicule était attendue, mais les moyens ne sont pas à la hauteur26/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1982.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Beaujon - Clichy (Hauts-de-Seine) : La canicule était attendue, mais les moyens ne sont pas à la hauteur

Contrairement à celle de 2003, la canicule actuelle n'a pas attaqué la direction de l'hôpital Beaujon par surprise. Dès les premiers jours, le ministre est passé dans l'hôpital pour faire le point des mesures prises. Rapidement aussi, le recensement des patients arrivés aux urgences en présentant des signes d'hyperthermie et de déshydratation a été effectué. Cependant, un fait inquiétant a été constaté: cette année, les personnes déshydratées ne sont pas toutes âgées.

Dans l'hôpital, des endroits frais ont été recensés pour le cas où la canicule durerait et s'intensifierait. Par exemple, les couloirs climatisés des Urgences. On imagine cependant comme il sera mal commode de faire se relayer là les malades hospitalisés, dispersés dans les onze étages desservis par six ascenseurs. Des fontaines réfrigérées existent à chacun des onze niveaux. Pour le reste, il faut placer au réfrigérateur l'eau qui sort tiède des robinets, ou les bouteilles d'eau minérale.

L'hôpital Beaujon date d'avant-guerre et n'est pas climatisé dans son ensemble. Le bâtiment est tout en hauteur. Pour des motifs de sécurité incendie, les fenêtres de beaucoup de chambres ou de bureaux orientées au sud ne peuvent s'ouvrir et deviennent vite des étuves. La seule solution trouvée est de les évacuer et de déplacer les malades et le personnel dans des pièces orientées différemment. La direction profite du fait que sur 502 lits théoriques, seuls 378 sont ouverts et 310 occupés. En réalité, du fait du manque d'effectifs, les malades restent dans bien des cas regroupés dans des antennes, quelle que soit l'orientation de celles-ci.

La logique voudrait que les chambres les plus exposées soient climatisées. Mais les crédits ne le permettent pas. La direction promet que cela se fera peu à peu, d'année en année. En attendant, on évacue, ou l'on couvre les fenêtres avec des alèses mouillées.

Plus on s'élève dans le bâtiment, plus les effets de la chaleur se font sentir. L'étage le plus élevé a été refait récemment. Il aurait dû bénéficier d'une climatisation mécanique qui n'a jamais fonctionné.

Les climatiseurs mobiles existent pour les malades ou les personnels qui en ont le plus besoin, mais ils ne sont pas très nombreux. Il faudrait en acheter davantage mais, selon un directeur, si l'on dépense trop sur cet équipement, il faudra acheter moins de pousse-seringue ou d'autres matériels médicaux. Quel choix, entre mourir de chaud ou être moins bien soigné!

Il y a des ventilateurs dans beaucoup d'endroits. Cela fait du bien, mais ne fait pas baisser la chaleur. Chaque année la direction en achète quelques dizaines, mais le stock n'augmente pas vraiment, car ces appareils ont une fâcheuse tendance à disparaître en hiver. Preuve, s'il en fallait, qu'ils ne remplacent pas un véritable équipement de climatisation.

Ainsi, tout est une question de crédits. Le plan d'économies, qui s'ajoute aux restrictions ordinaires, montre là ses effets les plus néfastes. Bien sûr la direction aurait pu, depuis 2003, investir massivement dans le domaine de la lutte contre la canicule. Mais elle n'aurait plus eu de crédits à consacrer aux autres risques, tel celui de la grippe aviaire. Beaujon étant près de la Seine, il faut aussi prévoir une éventuelle crue et rendre conformes toutes les canalisations. Alors, tout se fait petit peu par petit peu, au lieu qu'un plan d'ensemble soit établi et financé rationnellement.

Et puis, en ce moment, la chaleur ajoute à la fatigue créée par le manque d'effectifs dans lequel l'hôpital se débat en permanence. Si le thermomètre grimpe encore, il est prévu d'appliquer le «plan blanc» de réquisition du personnel et, en attendant, de faire appel aux élèves-infirmières, ce qui achèvera d'exténuer tout le monde. Là aussi, ce bricolage est le résultat de la politique de l'État, qui fait passer les services publics au dernier rang de ses préoccupations.

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