Faïencerie de Vitry-le-François (Marne) : Imposer l’ouverture des comptes aux liquidateurs!26/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1982.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Faïencerie de Vitry-le-François (Marne) : Imposer l’ouverture des comptes aux liquidateurs!

Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, le 4 juillet, la liquidation judiciaire de Sarreguemines Bâtiment, c'est-à-dire la Faïencerie de Vitry-le-François, où 250 salariés produisent des cuvettes de WC, bacs de douches et autres éléments sanitaires en grès et en porcelaine. L'activité peut encore se poursuivre trois mois, suivis d'une nouvelle période de trois mois. Les problèmes rencontrés par la Faïencerie, ou plutôt la façon dont les patrons entendent garantir leurs profits, ont amené en décembre 2001 un dépôt de bilan et un «plan de continuation» prononcé en septembre 2003.

La décision de dépôt de bilan avait été annoncée alors que l'entreprise était restée fermée un mois, d'abord en chômage technique puis en congés annuels. La direction n'avait même pas pris la peine d'informer les salariés. La Faïencerie appartenait alors à un groupe familial possédant plusieurs entreprises dont le principal actionnaire, âgé de 81 ans, Gilbert Fénal, souhaitait passer la main. Ce groupe, FSDV, dont Sarreguemines Bâtiment représentait 45% du chiffre d'affaires, prétendait faire des pertes! Ce qui ne l'avait pas empêché, deux mois auparavant, de verser des dividendes à ses actionnaires.

La Faïencerie était en fait la vache à lait du groupe FSDV qui lui facturait des sommes importantes au titre des loyers, de la redevance de la marque ou de la mise à disposition et de la maintenance des logiciels informatiques.

Aujourd'hui, après près de trois ans de «continuation», la direction de l'usine explique que les 88 licenciements et la fermeture de plusieurs unités n'ont pas suffi à rétablir l'équilibre financier de l'usine. Mais il faut dire que FSDV continue de facturer loyers et redevances tandis qu'il s'est débarrassé du problème du passif sur les repreneurs. Comme c'est souvent le cas, ceux-ci agissent de telle sorte qu'ils dégagent les principaux actionnaires de leurs responsabilités. Et ainsi, la famille Fénal a même réussi à ne pas payer les licenciements provoqués par son propre dépôt de bilan.

La moindre des justices serait, avant toute décision, de mettre tous les comptes passés et présents sur la table. Depuis plusieurs semaines, une rumeur circule à propos d'une centaine de licenciements et de l'arrêt de la production en porcelaine. La poursuite de l'activité qui vient d'être acceptée par le tribunal de commerce a sans doute pour but de procéder à de telles restructurations, peut-être en vue de la cession à un nouveau repreneur ou, plus simplement, de laisser encore du temps à FSDV pour saigner encore un peu plus les finances de la Faïencerie. Les ouvriers feront encore une fois les frais des liens obscurs entre la Faïencerie et FSDV tandis que leurs indemnités de licenciement seront couvertes par les AGS (l'Association pour la Gestion du régime de garantie des créances des Salariés), l'organisme qui assure les salaires sur les fonds publics en cas de mise sous administration judiciaire. Du coup, les indemnités seraient limitées au minimum légal...

Mais si l'on ouvrait les comptes de Sarreguemines Bâtiment et de FSDV, on trouverait alors l'argent nécessaire pour garantir des indemnités de départ correctes, voire au maintien des salaires. Seulement pour cela, il faudrait passer outre à certaines syndicalistes qui continuent de dire que la solution est de se taire et de travailler bien sagement durant les jours qui restent avant la fermeture de l'usine.

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