Belgique : Des dirigeants du Parti Socialiste pris la main dans le sac21/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1977.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Des dirigeants du Parti Socialiste pris la main dans le sac

À quelques mois des élections communales d'octobre 2006, après la révélation d'abus de biens sociaux à la société de logements la Carolorégienne fin 2005, d'autres dirigeants du PS de Charleroi continuent à être inculpés, voire incarcérés pour diverses raisons: confusion des affaires personnelles et des affaires communales, rémunérations illicites, passages de marchés arrangés, favoritisme familial, etc. Dans d'autres villes francophones, des dirigeants du PS sont aussi mis en cause: Namur, Liège, Bruxelles...

Ces dirigeants du PS sont des «parvenus», dénonce DiRupo, président du PS Wallon. C'est un fait que beaucoup occupent des professions libérales bien rémunérées, qui les lient plus à la bourgeoisie qu'à la classe ouvrière. Du fait de la politique du PS à la tête des communes et des sociétés intercommunales, ils fréquentent bien plus les patrons du privé que les salariés... sauf en période électorale. Ils ne font qu'imiter en petit ce que pratiquent en grand les patrons du privé qu'ils contribuent à enrichir en défendant «l'économie wallonne».

Après des années de procédures, la justice belge est toujours empêtrée dans l'affaire de la KBLux (Kredit Bank Luxembourg), où le gratin de la bourgeoisie belge est épinglé pour avoir soustrait au moins 2,5milliards d'euros au fisc grâce aux services de cette banque internationale. À côté, les détournements des dirigeants du PS sont des enfantillages. Et alors que les dirigeants carolorégiens du PS se font taper sur les doigts, le gouvernement (comprenant le PS!) a fait voter une loi pour que les riches fraudeurs rapatrient les sommes placées à l'étranger avec une taxe réduite à 10%, au lieu de l'amende légale de 1000%! La justice n'est vraiment faite que pour les vrais riches!

De son côté, le bourgmestre de Namur est soupçonné de favoriser le cabinet d'études géré en partie par sa maîtresse! Mais le milliardaire connu AlbertFrère, par exemple, ne s'est pas enrichi autrement dans les années 1980... sans avoir besoin de maîtresse au gouvernement wallon. Frère a hérité de la fortune de son industriel de père et a racheté la sidérurgie wallonne pour une bouchée de pain avec la complicité des dirigeants wallons de tous les partis. Puis il a bénéficié de contrats privilégiés avec l'État et de larges subventions pour accumuler une des plus grandes fortunes de Belgique. À côté de cela le bourgmestre PS de Namur restera toute sa vie un petit parvenu dont la presse étale la vie privée qu'elle cloue au pilori. Frère a fait bien pire, mais la presse et tous les politiciens l'encensent...

DiRupo veut nettoyer le PS des parvenus, mais dans le même temps il donne un tour de vis aux subventions sociales et dépenses culturelles, pour trouver le milliard à offrir aux patrons dans le cadre de ce qui a été appelé le plan Marshall pour la Wallonie. Ce que veut DiRupo au PS, ce sont des dirigeants pleins d'abnégation qui contribuent à enrichir les patrons et les actionnaires, sans tenter de s'enrichir eux-mêmes en ramassant les miettes qui passent à leur portée. DiRupo veut des valets stylés, qui ne lèchent pas les plats qu'ils servent aux riches.

En Flandre comme en Wallonie, beaucoup craignent que ces affaires favorisent les votes d'extrême droite. Un sondage réalisé à Charleroi donnerait le PS en forte baisse (32% au lieu de 42% aux élections de 2004), les autres partis augmentant, le Front National, qui s'est créé en Belgique à l'imitation du parti lepéniste, se maintenant autour de 17%. Il y a loin des résultats des sondages à ceux des élections. Mais il est sûr que les travailleurs qui voteraient FN pour avoir été trompés par le PS feraient un très mauvais choix, comme de laver une plaie avec du jus de fumier.

Il semble que le président du PS ait choisi de composer avec les dirigeants du PS de Charleroi, notamment avec l'ancien bourgmestre et ancien Premier ministre wallon, VanCauwenberghe, qui menaçait le PS de sécession. Il voudrait «rénover» le fonctionnement du PS, au pouvoir sans partage depuis des dizaines d'années, en faisant monter des jeunes. Mais il n'envisage surtout pas de changer sa politique au service des seuls intérêts du patronat. Et cette politique ne peut que contribuer à l'érosion électorale du PS et surtout à la démoralisation des travailleurs.

La solution ne viendra vraiment que d'un sursaut des luttes des salariés, pour faire reculer le patronat et préparer la création d'un parti ouvrier digne de ce nom.

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