La Poste : Faire payer la poignée de main14/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1976.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Faire payer la poignée de main

À partir du 21 juin La Poste remet en route son dispositif «Bonjour Facteur» dans plusieurs départements, dont le Gers, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées.

Ce dispositif, inauguré après la canicule de l'été 2003 et passé entre La Poste et certaines collectivités locales, prévoit que les facteurs visitent au cours de leurs tournées certaines personnes isolées ou âgées, afin de signaler un éventuel problème. La liste des personnes à visiter est dressée par les collectivités et chaque visite leur est facturée trois euros.

La direction de La Poste a le front de présenter cela comme une nouveauté et la preuve qu'elle est une «entreprise citoyenne». Mais, il n'y a pas si longtemps, bien des facteurs, surtout dans les petites villes et les campagnes, passaient tous les jours dans les maisons isolées, parce que c'était leur travail, et visitaient tout naturellement les vieilles personnes, même lorsqu'elles n'avaient pas de courrier. Aujourd'hui, de nombreux facteurs ne peuvent plus le faire: des milliers de tournées et d'emplois ont été supprimés, les boîtes aux lettres des maisons isolées ont été regroupées sur la grande route, les tournées ont été rallongées, le temps est pris pour distribuer la publicité. Les facteurs ont à peine le temps de distribuer les recommandés en main propre, et pas du tout celui d'entrer dans les logements.

Tout cela c'est La Poste qui l'a voulu et organisé, afin de devenir une entreprise rentable. Et elle y est parvenue: La Poste gagne de l'argent. Mais le facteur attaché aux gens de sa tournée, les connaissant, leur rendant des services, ne serait-ce que celui d'échanger trois mots avec quelqu'un qui ne voit personne d'autre, est en voie de disparition programmée.

Faire disparaître de simples rapports humains grâce à la surcharge de travail, puis faire payer aux mairies qui le peuvent un geste auparavant bénévole et naturel, quel progrès!

Partager