Extraits des interventions d'Arlette Laguiller : Dimanche 4 juin07/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1975.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Extraits des interventions d'Arlette Laguiller : Dimanche 4 juin

«La droite au pouvoir, les Chirac, Villepin et Sarkozy sont d'autant plus ouvertement antiouvriers que leur électorat se recrute parmi les privilégiés grands et petits de cette société. Et, pour tous ceux qui vivent de l'exploitation, la musique que leur joue la droite au pouvoir est celle qu'ils aiment entendre. (...)

Oui, la droite au pouvoir peut s'attaquer d'autant plus ouvertement aux travailleurs que les aspects antiouvriers de sa politique sont largement approuvés par son électorat, comme est largement partagé son langage réactionnaire.

C'est pour plaire à cet électorat, y compris à sa frange d'extrême droite qui lorgne vers Le Pen, que Sarkozy s'en prend aux travailleurs immigrés. Les grandes entreprises de production ne peuvent pas se passer des travailleurs immigrés. Sarkozy comme Le Pen le savent bien. Mais l'un comme l'autre essaient de faire de l'immigration un paravent pour cacher les vrais problèmes. Mais ce n'est pas l'immigration qui crée le chômage, ce qui le crée, c'est l'avidité du grand patronat!

L'électorat de droite applaudit aussi ce que le gouvernement appelle ses «réformes». Mais ses réformes, ce sont toujours des mesures antiouvrières!

La «réforme des retraites»? C'est l'amputation des pensions.

La «réforme de l'assurance-maladie»? C'est la diminution des remboursements et des droits.

La «réforme du Code du travail»? C'est enlever de la législation du travail le peu qui protège les travailleurs.

La «réforme du système hospitalier» et celle de l'Éducation nationale, c'est restreindre les moyens de l'un comme de l'autre.

Mais, à côté des aspects de la politique gouvernementale dont la présentation relève de la démagogie, il y a le fond. Ce fond est d'aider le grand patronat à faire face aux difficultés de sa propre économie et à augmenter ses profits au détriment de la classe ouvrière et, plus généralement, des classes populaires. (...)

Ne pas attendre des élections ce qu'elles ne peuvent pas donner

Bien sûr, devant les attaques répétées du gouvernement actuel, nombre de travailleurs se disent qu'avec la gauche, cela ne peut pas être pire. Mais même si les attaques contre les classes populaires ne s'aggravent pas, rien qu'en se prolongeant, ce sera de pire en pire. La seule façon d'arrêter la dégradation des conditions d'existence du monde du travail, c'est de s'en prendre au grand patronat, à la richesse de la bourgeoisie. C'est de répartir autrement la richesse qui est produite. Mais la gauche au gouvernement ne le fera pas plus que la droite! (...)

Alors, il ne faut pas attendre de ces élections ce qu'elles ne peuvent pas donner.

Le PS, on l'a vu au pouvoir au cours du quart de siècle écoulé, à peu près aussi longtemps que la droite, sans que son passage ait marqué un recul dans l'aggravation des conditions des travailleurs.

Le PC, aujourd'hui dans l'opposition, se permet un langage plus radical. Il reprend à son compte certaines exigences venant des classes populaires. Mais le PC ne propose pas d'autres perspectives politiques que de participer au gouvernement. Et l'éventuel gouvernement socialiste de 2007, quel qu'en soit le dirigeant, sera un gouvernement qui ne s'attaquera pas aux monopoles, aux énormes profits. Alors, l'agitation actuelle du PC et les discours de ses dirigeants sont bons pour la campagne électorale. Mais, une fois au gouvernement, c'est le PS qui décidera. (...)

Le PC justifie sa participation au gouvernement en prétendant que ses ministres peuvent peser sur la politique du gouvernement. Et pendant sa campagne électorale, il demande à l'électorat de gauche de lui accorder le plus de voix possible, en affirmant que plus son assise électorale sera large, plus ses ministres auront de poids. Mais c'est en tenant ce langage-là, en prétendant devant l'électorat populaire que le seul débouché politique possible était un gouvernement socialiste avec la participation des ministres communistes, que le PC a usé son crédit et perdu, d'élection en élection, une part supplémentaire de son électorat.

Car jamais, au gouvernement, le PC n'a été en situation de peser sur la politique menée. Il n'a fait que cautionner devant les travailleurs cette politique, y compris dans ses aspects les plus antiouvriers.

À l'approche de l'année électorale 2007, le PC est préoccupé, plus encore que par la présidentielle, par les législatives qui seront organisées dans la foulée. Ou, plus exactement, la position du PC pour l'élection présidentielle est subordonnée à ce marchandage avec le PS pour les législatives. De recul en recul, le PC se retrouve en effet dans une situation telle que sa seule chance d'avoir quelques députés, et à plus forte raison un groupe parlementaire, dépend d'une entente avec le PS. Même son langage plus revendicatif, sa politique moins sectaire envers l'extrême gauche, voire ses oeillades dans cette direction, ses discours unitaires vis-à-vis des formations sur la gauche du PS, sont en réalité subordonnés à cet objectif. Tout cela ne durera que le temps que le PC puisse passer à ce qu'il considère comme la seule chose sérieuse, c'est-à-dire pouvoir négocier avec le PS.

Mais dans le marchandage avec le PS, il ne dédaigne pas de pouvoir prétendre parler non seulement en son propre nom, mais aussi plus largement au nom d'associations diverses et multiples et de formations situées sur sa gauche. D'où la partie de poker menteur qui se déroule actuellement à la gauche de la gauche au sujet de l'éventualité d'une candidature unitaire à l'élection présidentielle de 2007.

Eh bien, pour notre part, nous ne participons pas à ce jeu-là et nous n'avons pas l'intention d'y participer. D'abord parce que nous ne pensons pas que le regroupement par exemple de ceux qui, à gauche, ont fait voter «non» au référendum sur la Constitution européenne soit possible, et encore moins que cela puisse ouvrir une perspective politique pour les travailleurs.

Nous avons bien sûr appelé à voter «non» à ce référendum, mais sans avoir jamais dit que ceux qui en ont fait autant sont devenus des amis des travailleurs. Le «non» de gauche a regroupé, certes, l'extrême gauche et le PC, mais aussi l'ancien Premier ministre socialiste Fabius et quelques ministres de Jospin qui n'ont jamais fait autre chose, qui n'ont jamais aspiré à autre chose qu'à gouverner au service de la bourgeoisie.

Et même Marie-George Buffet, dirigeante de la formation qui s'offre en ce moment comme le pivot éventuel d'un rassemblement à la gauche de la gauche, a été ministre pendant les cinq ans du gouvernement Jospin sans avoir jamais élevé la voix contre la politique de celui-ci.

Même si un tel regroupement à la gauche de la gauche avec une candidature unique à la présidentielle se faisait, il se rallierait au deuxième tour au candidat socialiste, et il n'aurait servi que de ramasse-voix pour celui-ci. Nous n'avons nullement l'intention de cautionner une telle opération.

De toute façon, que tous ceux qui sont ou prétendent être sur la gauche du PS soient unis ou séparés, ils n'ont évidemment aucune chance, tout comme moi, d'être élus. Alors, autant que chacun défende ses positions, le plus clairement possible, sans noyer ses idées dans une bouillie pour chat où, à force de ne vouloir vexer personne, on ne dit plus rien! Que chacun exprime ses positions, et ce sera aux électeurs de choisir!

(...) Nous combattons tous ceux qui prétendent que les élections peuvent remplacer les luttes ouvrières parce que c'est un mensonge, parce que c'est tromper les travailleurs. Mais nous disons que, plus nombreux seront ceux qui diront, avec nous, quels sont les objectifs qu'il est indispensable d'imposer à la bourgeoisie pour arrêter la dégradation du sort des travailleurs, plus cela préparera sur le terrain politique les luttes de demain!»

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