Afghanistan : Colère contre les troupes d’occupation31/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1974.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Colère contre les troupes d’occupation

La guerre que continuent de mener les puissances occidentales en Afghanistan a causé la mort de plus de quatre cents personnes en moins de deux semaines.

À Kaboul, des milliers de manifestants ont exprimé leur colère, à la suite de la mort de plusieurs Afghans dans un accident de la circulation occasionné par un camion militaire de la coalition occidentale. Lors d'une traversée de la capitale par un convoi, le camion a percuté une dizaine de voitures, causant la mort de quatre personnes. À la suite de cela, un officier américain commandant le convoi s'est permis d'annoncer, avec un mépris tout colonial, une «compensation» financière versée aux familles des victimes.

La population a immédiatement réagi à ce nouveau «dommage collatéral» dû à la présence des troupes impérialistes dans la capitale, en se regroupant autour du convoi et en le bombardant de pierres. Les tirs de riposte ont mortellement touché des personnes présentes à proximité. Que ces tirs aient été le fait de soldats américains ou de militaires afghans au service du gouvernement d'Hamid Karzaï, la colère s'est de toute façon renforcée, à la suite de ce qui a manifestement été perçu comme une provocation de trop. De nombreux habitants sont descendus dans les rues, ont manifesté dans divers quartiers dont celui des ambassades des États-Unis, de Grande-Bretagne et d'Allemagne et celui des bâtiments officiels, en scandant des slogans hostiles aux forces occidentales et au président Karzaï.

La répression, menée par les militaires de la coalition et les forces de police afghanes, a fait au moins huit morts et des dizaines de blessés. Les mouvements de colère de la population n'ont rien d'étonnant. Comment croire à la version selon laquelle les 30000 militaires des pays impérialistes, dont presque 20000 Américains, près de 3500 Britanniques, des Français, des Allemands, des Italiens et autres forces européennes, ne sont là que pour une mission de paix? Le ronflement des avions annonce souvent des bombardements, ceux des maisons ou des lieux suspectés d'abriter des combattants opposés à Karzaï qui se révèlent souvent après coup être des non-combattants. Le même jour, dans la province de Helmand dans le sud du pays, quelque 50 personnes ont été tuées lors du bombardement d'une mosquée où auraient été rassemblés des talibans... Les avions américains A10 ne se sont pas livrés à de simples «tirs de précision» visant des talibans réfugiés dans des habitations, comme le prétend l'état-major américain d'occupation. Ils ont procédé au bombardement d'un village de la région de Kandahar, avec comme bilan la mort de seize habitants.

Les manifestations, qui sont parties des quartiers populaires des zones occupées, démontrent clairement que ce n'est pas seulement à des combattants talibans que les militaires doivent s'affronter mais de plus en plus à la population elle-même. Les habitants des régions méridionales et orientales, par milliers, commencent à fuir des zones que la loi des trafiquants de drogue, les actions des militants islamistes, attentats compris, et les bombardements de l'OTAN ont rendues dangereuses.

L'occupation des montagnes et des plaines afghanes par les forces impérialistes n'a nullement pour but de faire bénéficier la population de la «démocratie», mais tout simplement de garder la main sur une région dite stratégique, quitte à devoir mener pour cela une guerre permanente. Elle aboutit en fait à renforcer l'emprise des groupes les plus réactionnaires, qu'il s'agisse des seigneurs de la guerre, alliés des Occidentaux, ou des talibans, et finalement à accroître encore le chaos dont la population paye les conséquences.

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