Propagande patronale : Seillière veut le beurre et l’argent du beurre24/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1973.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Propagande patronale : Seillière veut le beurre et l’argent du beurre

Le cabinet d'audit américain KPMG a publié une étude indiquant que la France est l'un des pays développés les moins chers pour l'implantation de sociétés nouvelles, parce que le coût réel du travail y est plus bas que dans les pays comparables.

Le résultat de cette étude tient peut-être au fait qu'elle a été commandée par Christiane Lagarde, ministre déléguée au Commerce extérieur et à «l'Attractivité», chargée justement d'attirer les capitaux étrangers en France, mais il recouvre une certaine réalité. Les patrons français, et leur grand prêtre Seillière, ont beau répéter que le fisc, la Sécurité sociale, les «charges», les fonctionnaires, les syndicats, les salariés, les chômeurs, les grèves, les jours fériés, les 35heures, la sécheresse, l'humidité, les attentats, les manifestations, la grippe aviaire et bien d'autres fléaux encore, les égorgent, il se trouve quand même des capitalistes étrangers pour investir dans ce prétendu enfer.

Ces investisseurs sont entre autres attirés par la productivité horaire du travail. Elle est devenue la deuxième au monde, juste après celle de la Norvège. Cette augmentation de la productivité a été obtenue en faisant faire le même travail, ou plus de travail, par moins d'ouvriers, c'est-à-dire en augmentant l'exploitation des travailleurs. Cela s'est automatiquement traduit par un plus grand nombre de chômeurs d'un côté, et des conditions de travail plus difficiles et plus éprouvantes de l'autre. Et par une augmentation sensible des profits pour les capitalistes, ce qui était le but recherché.

Un autre aspect de l'étude de KPMG souligne que c'est l'existence de services publics et de services sociaux qui expliquerait la «modération salariale» en France. Cela serait particulièrement vrai pour les cadres. En effet, dans les pays où, par exemple, les études supérieures sont privées et extrêmement onéreuses, il faut verser aux cadres des salaires qui leur permettent d'envoyer leurs enfants à la fac. Mais si on laisse faire patronat et gouvernements, il n'y aura bientôt plus d'école publique... sans que les salaires des cadres augmentent pour autant, sans même parler de ceux de l'ensemble des travailleurs.

Ernest-Antoine Seillière, ex-président du Medef et actuel président de Medef-international, interrogé le 22mai sur France Inter, s'est félicité des «résultats» obtenus par l'économie française, c'est-à-dire des profits engrangés par ses pairs, et a reconnu bien volontiers que les capitaux étrangers s'investissaient dans le pays parce qu'ils y trouvaient leur compte. Il n'y a pour lui aucune contradiction entre dire, et même clamer et répéter, que le coût du travail est trop élevé, lorsqu'il s'agit d'obtenir des réductions de charges de la part de l'État et dire que les ouvriers sont peu coûteux et les infrastructures satisfaisantes lorsqu'il s'agit d'attirer des investisseurs étrangers. Seillière, en dépit de ses grands airs et de sa suffisance, fait comme tous les marchands de salades. La même laitue est dite fanée lorsqu'il l'achète et récoltée du jour lorsqu'il la vend.

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