Mittal Steel – Gandrange (Moselle) : Le coup de sang d’une poignée de travailleurs sous-traitants24/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1973.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Mittal Steel – Gandrange (Moselle) : Le coup de sang d’une poignée de travailleurs sous-traitants

Le jour du lancement officiel de l'OPA de Mittal Steel sur Arcelor, les travailleurs d'une entreprise sous-traitante de Mittal à Gandrange se mettaient en grève pour sauvegarder leur emploi.

Depuis six ans, l'entreprise Carradori assure la réfection du briquetage des poches contenant l'acier en fusion. Carradori ayant dénoncé le contrat avec Mittal depuis février, les neuf pocheurs, comme on les appelle, avaient posé leur candidature pour une embauche au sein de Mittal. Ayant plusieurs années d'expérience, ils pensaient que leur candidature serait retenue. Comme la plupart des sous-traitants, les pocheurs ont des salaires qui dépassent rarement le smic, le travail est particulièrement pénible et les maladies professionnelles courantes.

Mais après une batterie de tests chez Mittal, leur patron a annoncé qu'ils seraient licenciés à la fin du contrat. Cela a déclenché la grève, jeudi 18mai, des neuf pocheurs, entraînant immédiatement le blocage de toute la production à l'aciérie. Aussitôt, les chefs de services Mittal, ceux de la sous-traitance, la direction de Carradori se donnaient rendez-vous à l'aciérie pour faire pression sur les grévistes. Les chefs faisaient les fanfarons en prétendant qu'ils allaient remplacer les grévistes. Mais devant les risques d'accidents, ils renoncèrent bien vite. De leur côté, les grévistes étaient soutenus par le personnel Mittal ainsi que par la CGT.

Un Comité d'entreprise (CE) était convoqué pour annoncer le lock-out d'une partie de l'usine. Mais, en plein délire journalistique à propos de l'OPA de Mittal sur Arcelor, la menace d'une conférence de presse des grévistes a fait réfléchir très vite la direction. Au CE, elle annonçait finalement la fermeture provisoire des laminoirs, si la grève continuait, et surtout elle annonçait que le personnel de Carradori aurait une place dans l'usine s'il en faisait la demande. Une proposition réitérée devant les grévistes.

Cela était ressenti comme une victoire pour ce petit groupe de travailleurs déterminés qui n'avait pas cédé face aux menaces. Et la rage que montrait une partie des cadres à cette annonce faisait plaisir aux travailleurs de Mittal solidaires des grévistes.

C'est le troisième débrayage en quelques semaines dans les entreprises sous-traitantes à Gandrange. Le luxe étalé par Mittal, troisième fortune mondiale, qui sort chaque jour des milliards supplémentaires pour s'offrir Arcelor, fait ressortir l'injustice des salaires et des conditions de travail de tous, en particulier des sous-traitants. Leur bataille boursière se fait en massacrant nos emplois, nos conditions de travail et nos salaires. Mais ça commence à bien faire!

Partager