Dette de l’État : Par ici la monnaie !24/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1973.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dette de l’État : Par ici la monnaie !

Le ministre de l'Économie, Thierry Breton, «s'engage à réduire la dette de l'État d'au moins deux points du produit intérieur brut». Ne pas le faire, a-t-il déclaré le 19mai, «mettrait en péril la solidarité intergénérationnelle». Cela aboutirait, a-t-il ajouté, à léguer aux nouvelles générations une dette insupportable et des remboursements impossibles à assurer.

Quand un ministre en appelle «à nos enfants», on peut être certain au moins d'une chose: c'est qu'il veut faire passer la pilule de nouveaux et importants sacrifices auprès de la population.

Car c'est bien cela dont il s'agit. Certes, la dette de l'État représenterait actuellement 66,6% du produit intérieur brut. Autrement dit, les deux tiers des richesses produites chaque année. C'est évidemment énorme.

Mais la présentation faite par le ministre oublie un point qui n'est pas de détail. Cette dette, à qui a-t-elle profité? Et à qui continue-t-elle de profiter? Car enfin, elle ne tombe tout de même pas du ciel.

En fait, ce sont les cadeaux innombrables et en tout genre faits au patronat par tous les gouvernements, de droite comme de gauche, depuis une trentaine d'années, qui ont creusé le trou de l'endettement public, et qui font qu'il ne cesse d'enfler. Ces cadeaux, les patrons les ont empochés. Mais c'est la population travailleuse qui les a payés, par ses impôts. Et c'est encore elle qui les paye sous une autre forme, par les réductions incessantes des services publics, puisque, la dette étant énorme, on nous dit qu'il faudrait réduire le train de vie de l'État.

Car c'est toujours les mêmes dont on exige des sacrifices, ceux qui ne sont pour rien dans cette dette, alors que les seuls à en bénéficier ne sont jamais mis à contribution: le patronat, les possédants, sans oublier les banques, qui s'enrichissent en faisant crédit à l'État, et sans prendre de risque car celui-ci sait toujours présenter la note à la population.

Et pour réduire cette dette, comme dit le ministre, que sort-il de son chapeau? Il annonce qu'il va y consacrer prioritairement les recettes des privatisations et cessions d'actifs de l'État. Entre la privatisation des autoroutes fin 2005, celle annoncée d'Aéroports de Paris et la vente de parts de l'État dans Alstom, il y en aurait pour 12 milliards d'euros. Ce joli pactole soustrait aux caisses de l'État filera donc dans les poches des banquiers, tandis que des actionnaires privés récupéreront des entreprises édifiées et renflouées par les impôts prélevés sur la population!

En clair, sous prétexte de réduire la dette de l'État, on l'alourdit avec les mêmes méthodes et au profit de ceux-là mêmes qui l'ont creusée!

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