Sogerma Mérignac (Gironde) - Pour sauver les emplois : Prendre sur les profits d’EADS18/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1972.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sogerma Mérignac (Gironde) - Pour sauver les emplois : Prendre sur les profits d’EADS

Vendredi 12 mai, EADS a annoncé son intention de fermer l'usine Sogerma de Mérignac, une usine qui emploie un millier de travailleurs dont l'activité principale est la maintenance aéronautique et l'adaptation des avions pour les riches clients d'Airbus.

Filiale d'EADS, la Sogerma emploie au total 3800travailleurs, dont près de la moitié à Mérignac, et à Rochefort en Charente-Maritime. Depuis deux mois, à Mérignac, la direction laissait planer la menace d'un plan de suppressions de 400 ou 500emplois. Jusqu'à l'annonce de fermeture du 12mai. C'est donc non seulement les mille travailleurs de la Sogerma qui sont menacés, mais ce sont aussi tous les travailleurs des entreprises sous-traitantes et tous ceux dont l'activité est induite par celle de l'usine.

Le prétexte invoqué pour la fermeture est un déficit de la Sogerma de 240millions pour 2005. Mais ce déficit est en grande partie fabriqué, pour justifier la fermeture. Il inclut notamment les provisions faites pour le «plan social» devant accompagner la fermeture. Mais il est aussi fabriqué d'une autre manière, par les choix d'EADS d'externaliser le travail dans d'autres sociétés dépendant du groupe. Ainsi, il y a trois ans, la Sogerma avait laissé partir un premier marché militaire, ce qui avait justifié un premier plan de suppression d'une centaine d'emplois. Puis, l'année dernière, la direction a supprimé 190emplois au prétexte que la Sogerma avait fait une perte de 40millions d'euros, ce qui ne représentait que quelques pour-cent des bénéfices de la maison mère! En fait EADS a simplement décidé de se séparer d'une activité qu'elle estime moins rentable que les autres.

Quoi qu'il en soit, EADS a les moyens de maintenir tous les emplois, quitte à répartir le travail entre tous. Même si on le prend au sérieux, le prétendu déficit de la Sogerma reste petit, comparé aux bénéfices de la maison mère, 1,7milliard d'euros pour 2005, en hausse de 39%. Le déficit est encore plus ridicule si on le mesure à la trésorerie du groupe, qui s'élève à 5,5milliards d'euros. Et 240millions d'euros de déficit, c'est aussi moins que les 266millions d'euros que Lagardère, à lui seul, a touchés en dividendes pour 2005. Pour s'assurer toujours plus de profit, Lagardère et ses semblables sont prêts à ruiner la vie de milliers de familles, de toute une région.

EADS, par l'intermédiaire de la Sogerma, a fait aussi ses profits grâce à l'argent public. À Mérignac et aussi à Rochefort, les hangars tout neufs ont été largement financés par les subventions de la région ou du département. EADS est spécialiste du chantage à l'emploi. À Mérignac, en 2001, en contrepartie des subventions, il promettait une centaine de nouveaux emplois à l'horizon 2005! Et cela continue, puisque EADS est le principal bénéficiaire du pôle de compétitivité aérospatial qui va de Bordeaux à Toulouse, où sont promises exonérations de charges et subventions publiques.

Cette fermeture d'usine est inacceptable. Depuis deux mois, les travailleurs de l'usine ont multiplié les actions contre un plan qui n'était pas encore défini. Dans les rues de Bordeaux, de Mérignac, à l'aéroport mais aussi en allant à Toulouse et Rochefort, plusieurs centaines d'entre eux se sont régulièrement mobilisés pour montrer qu'ils ne comptaient pas laisser faire la direction. Lundi 15mai, les travailleurs étaient partagés entre l'émotion et la colère: 200 d'entre eux ont envahi les pistes de l'aéroport et fait détourner le trafic. Et surtout, l'annonce de la volonté de la direction de fermer l'usine a suscité à juste titre une telle émotion que les travailleurs de la Sogerma peuvent trouver dans la population et chez les travailleurs de la région des alliés pour contraindre EADS à reculer et à prendre sur ses profits, pour que ce ne soit pas aux travailleurs de payer, mais aux actionnaires!

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