Numerus clausus dans les facultés de médecine : Comment mal gérer la pénurie04/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1970.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Numerus clausus dans les facultés de médecine : Comment mal gérer la pénurie

Le gouvernement vient d'annoncer une augmentation du "numerus clausus" qui fixe chaque année le nombre de postes ouverts au concours de fin de première année de médecine, et qui définit donc le nombre maximum de médecins qui sortiront avec leur diplôme en poche. Le chiffre sera porté à 7000 par an jusqu'en 2010, alors qu'actuellement il est de 6200 et qu'en 2001 il n'était que de 4700.

L'Ordre des médecins a applaudi des deux mains, estimant que cette mesure permettrait d'éviter la "situation de pénurie de généralistes", près de 30000 praticiens devant partir à la retraite d'ici 2010. Il propose cependant que ce chiffre soit porté à 8000 car, d'après lui, dès 2008 on manquera de nouveaux médecins pour remplacer ceux qui partent en retraite. Rappelons que c'est ce même Ordre des médecins qui avait vigoureusement appelé à la création de ce numerus clausus en 1972, pour "protéger" les médecins en place contre l'afflux jugé alors massif de nouveaux "confrères". Dans les années 1960, l'accès aux études médicales s'était "démocratisé" et le nombre des étudiants avait augmenté. Les médecins installés, craignant une baisse de leurs revenus, le gouvernement et l'Ordre des médecins n'avaient pas hésité à fermer le robinet, ce qui allait créer une pénurie.

Dans ce secteur qui devrait être prioritaire, ce ne sont pas les besoins de la population qui guident les choix des ministères et de l'Ordre des médecins, mais les intérêts sonnants et trébuchants du corps médical.

Oui, il faudrait former plus de médecins, généralistes et spécialistes, comme il faudrait d'ailleurs donner des moyens à l'hôpital public, au lieu de les diminuer systématiquement. Mais il faudrait aussi poser le problème de leur répartition à l'échelle du pays. Car s'il y a des régions qui manquent cruellement de médecins, dans d'autres au contraire, Ile-de-France ou Côte-d'Azur par exemple, ils sont légion. Pour leur formation, les médecins bénéficient de l'hôpital, de ses équipements et des meilleurs professeurs, bref des crédits publics. Alors, pourquoi ne pas envisager des mesures pour que des régions du pays ne deviennent pas des "déserts médicaux"? Quand un enseignant est nommé, il est bien souvent affecté dans un lycée qu'il n'a pas choisi, ceci afin de répondre au mieux -ou plutôt au moins mal- aux besoins scolaires. Il devrait en être de même dans le domaine médical. Mais, avec la médecine dite libérale, le médecin peut s'installer où il veut et ce sont finalement les patients qui en pâtissent.

Pour que cette augmentation du numerus clausus ne soit pas un cautère sur une jambe de bois, ce n'est pas les intérêts du corps médical qui doivent trancher, mais les besoins de la population. Et dans ce domaine, on est loin du compte

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