Vingt ans après Tchernobyl : Le mensonge d’État a la vie dure20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vingt ans après Tchernobyl : Le mensonge d’État a la vie dure

Invité de l'émission Les quatre vérités diffusée sur France 2 mardi 18 avril, Alain Madelin, qui était ministre de l'Industrie et de la Recherche en avril 1986, lors de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, a tenu le même discours que vingt ans plus tôt.

«Le gouvernement n'a pas caché la vérité. Nous avons appliqué les normes de sécurité de l'OMS qui sont très éloignées des normes de danger. La personne qui a subi le plus d'irradiation en a moins subi que le Breton que je suis qui vit à côté d'un massif de granit». Ou encore, rappelant ses propos de l'époque: «Si quelqu'un a mangé deux tonnes d'épinards dans les dernières 48 heures sans les laver, il commence à atteindre une norme, non pas de danger, mais une norme d'alerte où il est conseillé d'aller voir un médecin».

Le temps ne fait rien à l'affaire. Madelin persiste à défendre la thèse du gouvernement Chirac de l'époque, qui affirmait que la France, «en raison de son éloignement, a été totalement épargnée» par les retombées radioactives consécutives à l'accident de la centrale de Tchernobyl et que -ce qui contredit la phrase précédente!- «à aucun moment, les hausses de radioactivité observées n'ont posé le moindre problème d'hygiène publique».

Pourtant, depuis, les études menées par un organisme indépendant ont montré que le nuage radioactif de Tchernobyl ne s'est pas miraculeusement arrêté aux limites des frontières françaises, et qu'il a fait plus que «tout juste frôler» la frontière est du pays. Dans certains endroits, en Alsace, dans le sud-est de la France et en Corse, les concentrations d'éléments radioactifs ont été importantes. Et surtout, leurs effets ont eu des conséquences sur le long terme. Ce n'est pas seulement le sanglier aux champignons et aux épinards alsaciens, qu'il était alors déconseillé de consommer! Toute la chaîne alimentaire s'en est trouvée affectée, et pour longtemps, de l'herbe aux ruminants qui la broutaient et donnaient ensuite un lait contaminé, ainsi que les cultures de fruits et légumes dont on consomme les feuilles. Quelles conséquences cela a-t-il eu sur la santé humaine en France? Suffisantes en tout cas pour que la justice enquête après les plaintes déposées par des malades atteints d'un cancer ou d'affections de la thyroïde.

Un rapport d'experts publié il y a un an a aussi mis en évidence la responsabilité des différents ministères en charge du problème qui, après avoir attendu six jours pour admettre que le nuage radioactif avait bien traversé une partie du pays, ont choisi sciemment de minimiser, et même de cacher les risques encourus, laissant la population continuer à consommer des produits contaminés.

Et ce sont les mêmes, ou leurs successeurs, qui sont aux commandes de l'État et demandent qu'on leur fasse confiance quand ils affirment oeuvrer pour l'intérêt général!

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