Sécurité sociale : L’hypocrisie du ministre20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : L’hypocrisie du ministre

Dans une interview donnée au Parisien du 18 avril, le ministre de la Santé Xavier Bertrand prétend avoir demandé aux responsables de la Sécurité sociale de faire preuve «d'une plus grande souplesse» dans les remboursements des patients.

Il faut dire que depuis quelques mois, en application des mesures d'économies budgétaires imposées par le gouvernement au système de santé, les tracasseries et abus en tout genre se multiplient. Par exemple, tout ou partie des dossiers «s'égarent», ce qui retarde d'autant les remboursements de soins ou les versements d'indemnités journalières. La moindre erreur dans le remplissage de la feuille de soins -erreur de codification commise par le médecin ou le laboratoire d'analyses par exemple- et le malade se voit sanctionné dans ses remboursements, même s'il n'est nullement responsable.

Il en va de même pour la prise en charge à 100% des malades atteints d'affection longue durée qui se fait, d'après des associations de patients (diabète, sida...), de plus en plus attendre. Parfois, depuis la mise en oeuvre du nouveau «parcours de soins», lorsque le malade s'adresse directement au spécialiste qui le suit régulièrement depuis des années sans être préalablement passé par son médecin traitant, celui-ci est également moins bien remboursé. Comme si ce n'était pas suffisant, la Sécurité sociale multiplie les contrôles et les directives vis-à-vis des médecins pour les dissuader de délivrer des arrêts maladie, ou pour leur interdire de prescrire des horaires libres, au lieu des horaires de sortie très restrictifs de la Sécu qui, dans bien des cas, empêchent les patients d'entreprendre la moindre démarche administrative.

Ces abus, erreurs et tracasseries obligent les assurés à de nombreux courriers et démarches qui dissuadent ou lassent plus d'un assuré qui, même s'il est dans son droit, n'a pas forcément les moyens de se défendre face à l'administration... et c'est autant de gagné pour les branches de la Sécu concernées.

Avec une belle hypocrisie, Xavier Bertrand fait mine de découvrir aujourd'hui les excès de la Sécurité sociale. Il se veut «le garant du droit à l'égalité et à la qualité des soins», mais il oublie de dire qu'il porte -comme ses prédécesseurs de droite ou de gauche- une grande part de responsabilité dans la mise en place des réformes et des restrictions qui conduisent concrètement à une moindre prise en charge des maladies et des soins.

Partager