Restauration et hôtellerie : Gros pourboires pour les patrons20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Restauration et hôtellerie : Gros pourboires pour les patrons

À défaut d'avoir obtenu de l'Union européenne une baisse du taux de TVA à 5,5% pour les cafetiers, restaurateurs et hôteliers, comme Chirac le leur a promis, le gouvernement vient de leur renouveler un cadeau substantiel, histoire d'entretenir l'amitié électorale à l'approche des élections présidentielles et législatives.

Ce dispositif annoncé par Dutreil, le ministre des PME et du Commerce, sous l'appellation «plan de développement et de modernisation du secteur des hôtels, cafés et restaurants», revalorise les allégements de charges instaurés en 2004 par Sarkozy. Le ministre des Finances de l'époque avait offert cette contrepartie financière aux patrons pour leur faire accepter la fin du smic hôtelier. Jusqu'alors, 45% des salariés de ce secteur étaient payés sur la base de ce barème.

À partir du 1er janvier 2007, le cadeau aux patrons passera de 114 à 180 euros mensuels par salarié dans le secteur de la restauration traditionnelle et de 57 à 90 euros dans celui des hôtels-restaurants et des cafés-tabacs. De plus, les établissements de moins de vingt salariés bénéficieront de plus de «souplesse» dans la gestion des heures supplémentaires, autant dire des semaines à rallonge pour les employés. Enfin les patrons hôteliers et restaurateurs obtiendront un crédit d'impôt de 15000 euros sur trois ans sous prétexte de travaux de modernisation.

En échange de ces baisses de charges, la principale organisation patronale de l'hôtellerie, l'Umih, a promis des créations d' emplois et une revalorisation de la grille salariale conventionnelle gelée depuis huit ans. Des promesses, rien que des promesses!

En juin 2005 le ministre Gérard Larcher avait rappelé aux hôteliers-restaurateurs les primes à l'emploi octroyées en 2004 par le gouvernement Raffarin pour les inciter à participer à des négociations salariales. Ce n'eut aucun effet. En décembre 2005 un accord de réévaluation de la grille salariale fut finalement signé par cinq organisations de salariés (CGT, CFDT, CFTC, FO, CGC) et une unique organisation patronale. Le président de l'Umih proclama alors son refus de cet accord de grille «ridicule», car, déclara-t-il avec cynisme, il évoquait de «vraies augmentations, possibles uniquement avec un taux réduit de TVA».

C'est dire que les 800000 salariés du secteur risquent d'attendre. «C'est scandaleux», a déclaré le responsable de la CGT Commerce, qui ajoutait que «les allégements déjà accordés en 2004 n'ont pas créé autant d'emplois que le prétend l'Umih. Et le seul impact salarial a été la suppression du smic hôtelier.» Mais qu'importe au gouvernement qui ne vise qu'à obtenir les bonnes grâces électorales de petits patrons, en les achetant avec l'argent prélevé sur l'ensemble de la population.

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