Premier recul du gouvernement devant la jeunesse : La brèche est ouverte20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Premier recul du gouvernement devant la jeunesse : La brèche est ouverte

Comme quoi, le tous ensemble dans la rue et l'obstination de la jeunesse, ça paie! Après avoir répété qu'il ne cèderait pas, le gouvernement a reculé. L'article de loi du CPE a été «remplacé».

Ça a été le résultat d'une mobilisation exceptionnelle. Deux mois durant, étudiants et lycéens n'ont cessé de faire monter la pression en ralliant massivement les salariés dans la rue.

La jonction avec les salariés commençait. Et c'est cela que le gouvernement a craint par-dessus tout. Il n'a pas voulu prendre le risque que l'appel à la grève générale de la Coordination nationale étudiante finisse par trouver l'oreille d'une partie des travailleurs.

Un premier coup d'arrêt

Car il y a bien de quoi se mettre tout ensemble en colère: après le CNE voté en douce l'été dernier, puis le CPE que Villepin voulait faire avaler aux jeunes, le gouvernement avait dans ses tiroirs un projet de «contrat de travail unique» qui aurait supprimé les CDI, et généralisé les deux ans d'essai et la précarité à tous les salariés, jeunes et vieux, dans les petites comme les grosses entreprises. Il comptait le faire passer au pas de charge... avant l'été prochain. Mais la jeunesse a dit halte, et Villepin a dû remballer et son CPE, et du coup repousser son projet de contrat précaire pour tous et l'anéantissement de ce qui reste du droit du travail! De ce point de vue, les jeunes ont remporté une victoire, et pas seulement pour eux.

Mais les étudiants ont raison de ne pas vouloir en rester là

Seulement, si une première bataille a été remportée, le gouvernement est loin d'avoir cédé sur le fond. Le CPE est mort et enterré. Mais qu'est-ce que le gouvernement a fait voter à la place? «Un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté». Et c'est quoi ce «dispositif»? Une nouvelle aide de l'État, non pas aux jeunes, mais... aux employeurs! Un nouveau cadeau aux patrons de 150millions d'euros en 2006, le double en 2007, en accompagnement à toute la panoplie déjà existante des sempiternels «contrats jeunes» avec au mieux des embauches au rabais, au pire des stages et contrats d'apprentissage à peine ou non rémunérés. Bref, un bricolage de plus en faveur du patronat.

Sans compter que les jeunes exigeaient également le retrait du CNE comme de toute la loi sur la prétendue «égalité des chances» (qui porte bien d'autres infamies comme l'apprentissage à 14 ans et le travail de nuit dès 15 ans). Et là-dessus, motus et bouche cousue, côté gouvernement.

C'est pourquoi si les étudiants ont salué leur première victoire, ils ne sont pas dupes. En dépit des vacances scolaires, quelques facs restent bloquées et des étudiants restent mobilisés et vigilants. Leur coordination nationale a d'ailleurs prévu de nouvelles actions pour les jours à venir et au sortir des vacances.

Ces «irréductibles», comme disent les médias, ont bien raison de se montrer insatisfaits. La seconde manche reste à jouer.

S'engouffrer dans la brèche

La mobilisation de la jeunesse avec le soutien des salariés a montré que le rapport des forces pouvait s'inverser. Il s'agira alors de faire reculer le gouvernement et le patronat sur toute nos revendications fondamentales: contre la précarité, les bas salaires et la surexploitation de toutes les générations.

Les confédérations syndicales se sont félicitées de la victoire et se sont dites «vigilantes», mais ne parlent plus que de négociations entre «partenaires sociaux». Aucun autre objectif de mobilisation. Il n'empêche que cette seconde manche reste à jouer. Mais pour l'emporter, nous devrons, nous travailleurs, engager toutes nos forces dans la danse.

Ces deux mois de mobilisation ont montré que ceux qui nous gouvernent peuvent perdre tous leurs moyens devant la jonction des salariés et de la jeunesse en colère. Nous n'en sommes qu'aux premiers épisodes de la contre-offensive du monde du travail.

Ce n'est qu'un début.

Éditorial des bulletins d'entreprises L'Étincelle publiés par la Fraction du lundi 17 avril 2006

Convergences Révolutionnaires n° 44 (mars-avril 2006)

Bimestriel publié par la Fraction

Dossier: L'immigration cible des démagogues.

Articles: Les jeunes plus les salariés... tout est possible - CNE, CPE... bientôt tous précaires - L'école au kärcher - Belgique: L'asile garanti... pour les capitalistes français - Allemagne: Les grèves - Espagne: Deux ans de gauche au pouvoir.

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