Grèce : Un accord de «paix sociale» n’empêche pas les luttes20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Un accord de «paix sociale» n’empêche pas les luttes

Début avril, la Fédération des industries grecques (SEV), l'équivalent du Medef, et le principal syndicat (GSEE), dirigé par le Parti Socialiste (Pasok), ont signé un accord concernant la convention collective nationale du travail. Cet accord prévoit des augmentations générales de salaire de 3,9% en 2006 et de 3,4% en 2007. De son côté, le salaire minimum, qui est de 591euros brut aujourd'hui, devrait atteindre 658euros fin 2007. C'est un tout petit mieux que les propositions de la SEV au lendemain de la grève générale du 15 mars dernier.

Si le patronat prétend qu'il s'agit des plus importantes hausses accordées dans la zone euro, elles sont en réalité très loin de compenser la dégradation du coût de la vie: depuis 2002, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 40%. Et une statistique récente de l'Agence pour l'emploi allemande indique que, si les salaires ne représentent en Grèce que 60 à 70% de ceux pratiqués en Allemagne, le coût de la vie n'y est inférieur que de 15%! Par ailleurs, l'accord prévoit aussi que le syndicat s'engage à ne pas avoir recours à la grève pendant ces deux années. Le porte-parole du gouvernement s'est félicité de cette garantie de la «paix sociale».

Les dirigeants de PAME, le syndicat proche du Parti Communiste (KKE), ont de leur côté quitté la salle des négociations et dénoncé cet accord. Ils ont appelé à une journée de protestation le 13avril. Ce jour-là, l'activité économique n'a pas été paralysée comme lors de la grève générale du 15mars, mais des manifestations ont eu lieu dans une cinquantaine de villes du pays. Dans l'agglomération athénienne, près de 10000 personnes ont pris part aux deux rassemblements organisés, l'un à Athènes et l'autre au Pirée.

La grève des travailleurs municipaux des services de la propreté, qui s'est achevée le 15avril sur la promesse d'ouverture de négociations de la part des pouvoirs publics, est une autre illustration du bas niveau des salaires en Grèce. Commencée le 5avril, elle a immédiatement été visible dans toutes les grandes villes, avec des tonnes de déchets qui se sont accumulés sur les trottoirs (50000 tonnes dans la seule capitale). Les éboueurs, qui travaillent dans des conditions difficiles (pas de vêtement de protection adapté, balais en paille, etc.) réclament des augmentations de salaire et le statut des professions insalubres, ce qui est bien la moindre des choses. Cela leur permettrait de partir à la retraite à 55ans, contre 65ans actuellement.

En Grèce, c'est aujourd'hui un gouvernement de droite qui mène une politique d'austérité et de privatisations. Mais il ne fait que poursuivre ce qu'avait entamé le Pasok avant lui. Pendant ce temps, les banques et les entreprises privées accumulent des profits: selon les chiffres publiés fin mars par l'organisme de statistiques Hellastat, les bénéfices des 172premières entreprises de Grèce ont augmenté de 43,6% en 2005!

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