Électoralisme : La loi contrele tabagisme part en fumée20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Électoralisme : La loi contrele tabagisme part en fumée

Après s'être obstiné durant deux mois pour maintenir le CPE, contre des millions de manifestants qui réclamaient son abrogation, contre l'opinion, qui à plus de 70% se prononçait contre, le gouvernement a décidé de ne rien décider en ce qui concerne les mesures qu'il envisageait de prendre pour lutter contre le tabagisme: l'interdiction totale de fumer dans les lieux publics. Mesure d'autorité, sans doute, mais surtout de salubrité publique.

Car la consommation de tabac est responsable de la mort prématurée de 500000 personnes en Europe, dont 60000 en France, parmi lesquelles il y a entre 3000 et 6000 victimes du tabagisme passif. Il s'agit donc d'un fléau que personne ne peut contester sérieusement, et dont les causes et les méfaits sont clairement identifiés, sans compter les effets induits sur les dépenses de santé.

On se prenait à espérer que ce gouvernement, si prompt à décider de mesures qui aggravent le sort de la population, allait enfin en prendre au moins une qui lui serait bénéfique. Eh bien même pas! Il a glorieusement reculé, prétextant une volonté de dialogue qui ne lui est pas habituelle. Il faut convaincre plutôt que contraindre, nous dit-il aujourd'hui.

Mais convaincre qui? Les buralistes, qui sont 36000 en France, et qui craignent de voir diminuer leur recette. Pour eux, une telle mesure poserait sans doute un problème. Moins qu'ils ne le disent, si on en juge par ce qui se passe dans d'autres pays, comme l'Irlande, la Suède, l'Italie, qui ont décidé de l'interdiction totale de fumer dans les lieux publics depuis 2004.

Ce gouvernement et sa majorité ne se privent pas de condamner les corporatismes, uniquement quand il s'agit de grévistes qu'ils accusent de prendre des usagers, voire même «notre» économie, en otage. Mais que font-ils donc ces buralistes, sinon du corporatisme? Et de la pire espèce, puisqu'il s'agit de mettre en balance leur recette et la santé publique.

En fait, si le gouvernement a choisi de différer son combat contre le tabagisme, c'est que, comme l'a déclaré un député de l'UMP, partisan de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, «nous attendrons des jours meilleurs, c'est-à-dire les lendemains électoraux de 2007». On peut lui faire confiance, il connaît bien la maison.

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