Delphi – Tremblay-en-France (93) : Restructurationsur le dos des travailleurs20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Delphi – Tremblay-en-France (93) : Restructurationsur le dos des travailleurs

Les dirigeants de l'équipementier automobile Delphi, au service d'une poignée d'actionnaires, ont décidé de restructurer l'ensemble de la société. Son principal actionnaire, l'ex-PDG du groupe, avait fait part à la presse de ses projets d'abandonner les fabrications de certains composants automobiles, il y a de cela déjà plusieurs années.

Les actionnaires de Delphi, également actionnaires de General Motors pour plus de 80% d'entre eux, lorgnent vers des sources de profits plus alléchants. En acquérant plus d'une demi-douzaine d'activités dans le secteur médical, ils ont créé Delphi Medical, une nouvelle division de la compagnie.

Les équipements automobiles étaient autrefois fabriqués par GM. Delphi fut créée afin de sous-traiter les équipements non stratégiques de la voiture pour faire baisser les coûts en réduisant les salaires. Visteon, soeur jumelle de Delphi, a été créée chez Ford avec le même objectif.

Delphi exploite déjà environ 20000 travailleurs au Mexique et en Asie. Dans un pays comme la Chine, les salaires sont à peine supérieurs à 100 dollars par mois. GM pourra continuer à y acheter ses équipements à bas prix.

La faillite ou banqueroute de Delphi n'est qu'une méthode pour justifier une gigantesque restructuration, des suppressions d'emplois et des réductions de salaires dans l'ensemble du secteur automobile. C'est l'illustration de l'utilisation du «chapitre11» sur les faillites aux États-Unis, à des fins qui n'ont que très peu à voir avec la «santé» de Delphi.

Les mesures proposées au juge des faillites, ainsi que les négociations avec les syndicats, sont totalement dirigées contre les travailleurs.

Quatorze usines sur vingt-huit, situées aux États-Unis, sont nommément menacées de fermeture ou de revente. Cela concerne, à terme, 11000 ouvriers et employés et d'ores et déjà 8500 salariés dans le monde. Ils appartiennent aux services dits de support, comme les centres techniques, l'informatique et les services généraux.

Pour faire passer la pilule, Delphi envisage la reprise de 5000 travailleurs chez GM. 17000 autres travailleurs seraient «éligibles» à une forme de retraite non encore définie, à condition d'avoir 27 ans d'ancienneté. Par ailleurs les employés ayant plus de 10 ans d'ancienneté, pourraient partir avec une prime de 140000 dollars. En dessous de dix années, la prime serait de 70000 dollars. Delphi incite les travailleurs à accepter ces conditions, qui sont loin de compenser la perte de leur emploi et des prestations sociales qui lui sont liées, en suggérant un avenir encore plus sombre pour ceux qui resteront.

Car les dirigeants de Delphi veulent plus que les suppressions d'emplois. Dans un premier temps, ils ont proposé de réduire les salaires, aux États-Unis, en les faisant passer de 22 dollars de l'heure à 12,5 dollars. Lors des dernières négociations avec les syndicats, le salaire passerait finalement à 16,5 dollars. Cela représente une diminution de 25%! Quant aux montants des retraites et des prestations sociales, Delphi envisage de les réduire aussi dans de fortes proportions.

Ce plan ne devait initialement toucher que les États-Unis, mais il concerne maintenant l'Europe dans son ensemble, puisque même une usine en Pologne n'est pas jugée assez rentable.

Ici en France, après la fermeture de l'usine d'amortisseurs de De Carbon à Andé (Eure), il y a presque six ans, c'est au tour de celle de Villeron (Val-d'Oise), où étaient fabriqués les systèmes de freinage, les alternateurs et les pots catalytiques.

Quant au centre technique de Tremblay, 300 emplois sont directement menacés sur les 850 occupés aujourd'hui.

Il est à souhaiter que nombre de travailleurs ne veuillent pas faire les frais de l'appétit des actionnaires, y compris bien sûr aux États-Unis.

Ici à Tremblay, 25 postes ont déjà été supprimés. Face à cela, l'ensemble des syndicats (sauf la CGT, très minoritaire), a signé un accord de méthode qui ne prévoit, en cas de départ volontaire, que les indemnités légales de licenciement, ainsi qu'une prime d'un mois de salaire par tranche de cinq ans d'ancienneté.

La direction craint cependant toujours la réaction des travailleurs. Cela prouve qu'elle est encore possible car l'ampleur des suppressions d'emploi pourrait susciter la colère du personnel.

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