Le Figaro du 15 avril titre «Le CPE est mort, vive le CNE!»: il s'agit bien sûr d'une provocation, mais aussi de l'utilisation abusive de statistiques invérifiables selon lesquelles, en sept mois, 400000 contrats auraient été signés, ce qui, selon les patrons et leur média, ferait du CNE l'outil miracle antichômage.

En réalité, ce chiffre de 400000 n'est que celui des déclarations d'intentions d'embauches que les employeurs ont faites à l'Urssaf de septembre 2005 à mars 2006; et encore ne s'agit-il que d'une extrapolation à partir des déclarations faites sur internet qui ne représentent que 45% du total des déclarations, le reste -55%- étant fait sur papier ou par Minitel.

Quant à la création d'emplois que générerait le CNE, elle est encore plus floue. D'après une enquête publiée par l'IFOP en janvier 2006 et réalisée auprès de trois cents PDG de très petites entreprises, 71% de ces embauches auraient existé sans le CNE, c'est-à-dire que ces travailleurs auraient été de toute façon embauchés en CDI (pour 40% ) ou en CDD (pour 28%). Et ces mêmes patrons précisaient qu'ils n'envisageaient de garder après les deux ans «d'essai» que 43% des salariés embauchés en CNE. Encore tout cela n'est-il qu'une hypothèse lointaine puisque la motivation principale des patrons interrogés est de ne pas prendre de risque si l'activité se ralentit.

Difficile de prétendre que le chômage baisse, mais ce qui est sûr, c'est qu'on assiste à une explosion de la précarité, que le CNE vient renforcer.