Parité hommes-femmes : Le PS se hâte lentement30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Parité hommes-femmes : Le PS se hâte lentement

Le Parti Socialiste se flatte de sa décision selon laquelle il devrait présenter autant de femmes que d'hommes aux élections législatives de 2007.

Il est vrai que cela semble avoir été obtenu dans la douleur, après d'âpres marchandages et un fort coup de gueule de plusieurs dirigeantes. Au final, la direction déclare que le PS va devenir ainsi le "premier grand parti" à présenter autant de femmes que d'hommes; et de fustiger l'UMP, qui ne devrait présenter qu'un tiers de candidates.

On est au royaume des aveugles car le PS, qui a fait voter en 2000 la loi sur la parité, n'avait jusque-là guère fait preuve de précipitation pour respecter ses propres déclarations d'intention. En 2002, à l'instar des autres grandes formations politiques, il avait préféré subir quelques pénalités financières de la part de l'État plutôt que de présenter autant de femmes que d'hommes.

Mais il ne faut pas confondre présentation et élection. Si la loi incite les partis à respecter la parité au niveau des candidatures, elle ne les empêche en rien de présenter les femmes là où elles seront probablement battues, et de réserver ainsi les circonscriptions éligibles aux hommes. C'est ainsi qu'en 2002, tous partis confondus, les femmes représentaient 39,3% des candidats... mais seulement 12,1% des élus! Et le PS se situe, de ce point de vue, dans une affligeante moyenne, avec 12,5% de femmes dans son groupe parlementaire.

D'après ses savants calculs, ce chiffre devrait, en 2007, monter à 37%, ce dont les dirigeants du parti se félicitent bruyamment. La parité réelle reste donc loin, sans même parler de la possibilité d'élire davantage de femmes, possibilité qu'aucune cervelle socialiste ne semble envisager. Face aux fiefs électoraux masculins, les professions de foi féministes ont du mal à peser.

Les fabiusiens, en particulier, se sont plaints d'avoir, plus que les autres, fait les frais de l'augmentation du nombre de candidates potentiellement élues. Et ils ont saisi l'occasion pour critiquer le faible nombre de candidats issus des "minorités visibles", terme pudique pour désigner les enfants de l'immigration noire ou maghrébine. Être député socialiste, quand on est une femme de cette origine et de surcroît fabiusienne, mission impossible?

Il reste toujours aux fabiusiens la possibilité de se constituer en minorité opprimée, et de réclamer à leur parti de leur concocter une loi de discrimination positive... En cas de succès, et si tout se passe comme avec les femmes, on leur souhaite simplement de ne pas être trop pressés pour en constater les résultats.

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