Peugeot - Sochaux : Un "forum pour l'emploi"-poudre aux yeux22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot - Sochaux : Un "forum pour l'emploi"-poudre aux yeux

À l'usine de Peugeot de Sochaux, l'échéance de fin février approchant, la direction commence à gérer le renvoi des 670intérimaires et CDD, sur les 1300 actuellement présents dans l'usine, suite à sa décision d'arrêter une équipe parce qu'elle programme une baisse de la production, de 1900 voitures par jour à 1550.

Les changements de postes font grincer des dents les ouvriers de fabrication: certains, à plus de 50 ans, vont se retrouver sur des postes où la direction profitait de la vulnérabilité des contrats précaires pour augmenter la charge de travail. D'autres, ayant été pendant des années en chaîne, ont des restrictions médicales suite aux gestes répétitifs qui ont généré des maladies professionnelles, ou bien vont se retrouver sur des postes encore plus pénibles à tenir, du fait que la cadence est plus élevée dans le secteur. Enfin ils voient d'un mauvais oeil le renvoi des intérimaires et CDD et le maintien des plus anciens d'entre eux en chaîne.

Depuis la fin du mois de janvier, la direction de Peugeot Sochaux a mis en place, au sein de l'usine, un "forum pour l'emploi". Mais pour les intérimaires et CDD qui veulent s'y rendre, les rendez-vous ont lieu en dehors du temps de travail. Dans les ateliers, les intérimaires et CDD sont conscients que cela ne leur fera pas retrouver un autre emploi et que ledit "forum" sert uniquement de sas d'entrée à l'ANPE!

Le Medef et la CGPME, deux organisations patronales, ont concocté ce qu'ils appellent pompeusement "un projet d'accord interprofessionnel de gestion de la transition professionnelle des salariés en contrat de travail temporaire et en contrat à durée déterminée", auquel ils veulent associer les organisations syndicales. Il s'agirait de faire adhérer à un nouveau contrat "expérimental" baptisé "contrat de transition professionnelle", pour une durée de six mois, les travailleurs intérimaires, en CDD et tous ceux qui ont un contrat limité dans le temps qui prend fin et qui seraient volontaires!

Avec ce contrat, les intérimaires et les CDD seraient considérés comme en activité, avec un salaire amputé de 20% par rapport à celui qu'ils avaient. Sous prétexte de les aider à chercher un emploi, 50% de leur prime de précarité, perçue en fin de contrat, leur serait retenue, soit par exemple environ 800euros pour un intérimaire de Peugeot qui y a travaillé pendant onzemois. Cette retenue ne leur serait restituée que s'ils n'ont pas trouvé un autre emploi au bout des six mois!

L'imagination des patrons pour faire payer l'ardoise de leurs licenciements en utilisant l'argent public n'est pas une nouveauté. Ainsi les Assedic seront mises à contribution pour payer les salaires, et le Conseil régional pour les formations, sans que Peugeot et les autres patrons déboursent quoi que ce soit! Il est également prévu de mettre à contribution le Fongecif (organisme de formation) et de créer, spécialement pour l'occasion, une filiale de l'Afpa!

En effet, rien qu'à l'usine Peugeot de Sochaux, 670intérimaires et CDD seront licenciés et des centaines d'autres aussi, par contre-coup, chez les sous-traitants, dès la fin février. Mais le dispositif est prévu pour 600candidats volontaires, alors que la région détient un record en matière de précarité, avec près de 27000 intérimaires recensés officiellement en septembre 2005. Quant à Peugeot, il affiche des ventes et des bénéfices records pour la dixième année consécutive!

Alors, la seule expérience qui serait profitable contre les licenciements ne pourrait provenir que d'une réaction collective des travailleurs

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