La Poste - Paris 14 : La sanction de trop22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Paris 14 : La sanction de trop

Au Centre de distribution du courrier du 14e arrondissement de Paris, les conditions de travail se sont considérablement dégradées depuis la réorganisation de 2004 qui a provoqué la suppression de plus d'une cinquantaine d'emplois.

Depuis deux ans, ce ne sont pas seulement les cadences qui ont augmenté, la charge de courrier à distribuer s'est alourdie, les tournées étant bien plus longues. C'est au niveau de la discipline que nous subissons de plus en plus de pressions, presque chaque jour nous apprenons que tel ou tel collègue contractuel ou fonctionnaire a une demande de sanction. Étant donné le manque de temps et de moyens que nous avons pour effectuer correctement notre tâche, nous sommes souvent à la merci de l'humeur d'un chef, qui peut pour se couvrir lui-même nous reprocher quelques lettres que nous n'avons pas eu le temps de trier ou de distribuer le jour même, ou une procédure dans la distribution d'un recommandé que nous n'avons pas pu respecter, devant "courir" sur nos tournées. C'est encore pire quand un chef nous a "dans le collimateur" et qu'il est encouragé par ses supérieurs à nous "aligner" pour un oui ou pour un non!

Il y a une quinzaine, c'est avec stupéfaction que nous avons appris le prochain passage devant le conseil de discipline d'un vieux facteur de 55 ans, archi-connu de tous, apprécié pour sa gentillesse par ceux qui durant ses 31 ans de carrière ont eu l'occasion de travailler avec lui sur sa tournée de la rue de Vercingétorix, réputée tellement chargée qu'on la surnomme depuis des années Le Titanic. Tout le monde lui reconnaît la maîtrise parfaite de son quartier et depuis bien des années les usagers se sont habitués à lui et l'apprécient.

Mais n'appréciant pas sa personnalité qui n'entre pas dans le moule de la "nouvelle poste" la direction estime maintenant que le travail de ce collègue n'est pas satisfaisant et découvre, au bout de trente ans, qu'il n'aurait pas un bon comportement. Elle a donc décidé de monter un dossier pour le faire comparaître en conseil de discipline et demande sa mise à pied pour trois mois!

Peu à peu la stupéfaction a laissé place à l'écoeurement chez les facteurs du 14e. Une quinzaine de collègues ont distribué un tract à la prise de service, soutenus par la CGT et SUD et ont fait circuler une pétition demandant l'arrêt de toute procédure disciplinaire. Tout le monde a bien compris qu'en s'en prenant ainsi à ce vieux travailleur, la direction cherche à faire peur à tout le monde: jeunes ou moins jeunes, contractuels ou fonctionnaires...

En réponse au tract le directeur s'en est pris publiquement, dans une note de service distribuée sur les positions de travail, à ce collègue, accusé de tous les maux dans des termes méprisants. Loin de casser la solidarité du personnel, l'attitude provocante du directeur a été prise comme la preuve de son acharnement. Et cela pourrait bien mettre le feu aux poudres. Beaucoup de facteurs se disent prêts, si la direction s'entête à vouloir sanctionner injustement leur collègue, à débrayer mardi 28 février, le jour même de sa comparution devant le conseil de discipline. Histoire d'avertir et de sanctionner les sanctionneurs.

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