Israël - Palestine : Ils frappent au porte-monnaie22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël - Palestine : Ils frappent au porte-monnaie

La dernière décision du gouvernement israélien, de confisquer d'importantes sommes d'argent appartenant aux Palestiniens, ajoute encore à l'odieux de sa politique. En effet, à la suite de la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, il vient d'annoncer un gel des sommes dues par les douanes israéliennes aux douanes palestiniennes, pour une durée indéterminée.

Les Territoires occupés ne disposant d'aucune souveraineté, c'est Israël qui, depuis les accords d'Oslo, perçoit les taxes sur les marchandises exportées ou importées des zones palestiniennes, soit environ 50 millions d'euros par mois. Cette somme représente la moitié des salaires des 135000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne et de ce fait constitue la principale source de revenus pour près d'un million de Palestiniens.

"Disons que nous allons leur faire suivre un régime diététique; on ne va pas aller jusqu'à les faire mourir de faim, mais on va leur faire perdre du poids", a commenté le principal conseiller de Sharon, un certain Dov Weisglass, aujourd'hui au service du nouveau chef du gouvernement. Ce Weisglass s'était déjà fait remarquer par des commentaires tout aussi cyniques concernant le retrait israélien de Gaza. Il avait expliqué à l'époque que le plan de Sharon avait pour seul but de "congeler" l'éventualité d'un État palestinien, rien de plus.

Ce n'est pas la première fois que l'État israélien confisque l'argent des Palestiniens. Cet État voleur a déjà pratiqué de la sorte à plusieurs reprises et pendant de longs mois, au cours des cinq dernières années. Seulement, aujourd'hui, le gouvernement israélien a l'appui désormais ouvert des puissances occidentales, des États-Unis mais aussi de la France, qui ne se privent pas de menacer ouvertement de famine le peuple palestinien. Sur ce point, la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, a été des plus nettes quand elle a déclaré: "Les États-Unis ne peuvent apporter d'aide à une organisation terroriste ou à un gouvernement qui n'est pas tourné vers la paix." La France n'est pas en reste. Elle exerce un même chantage et supprime des subventions, comme à cette ONG qui, via le Quai d'Orsay, était aidée pour des programmes médicaux et chirurgicaux.

Mais aujourd'hui, les Palestiniens ne subissent pas que le vol de leurs avoirs financiers, qui s'ajoute aux vols continuels de leurs terres. Depuis le dimanche 19 février, l'armée israélienne a investi plusieurs localités et camps, dont celui de Balata à Naplouse, où des exactions se sont poursuivies plusieurs jours durant. C'est certainement cela que Villepin appelait, au dîner annuel du CRIF, des "relations pragmatiques d'Israël avec le peuple palestinien".

Et toute cette haine déversée l'est au motif que les Palestiniens ont mal voté quand ils ont donné la majorité au Hamas. Le succès de ce parti islamiste n'a certes rien de réjouissant. Mais il le doit en grande partie au fait que la politique des gouvernements israéliens successifs, privant la population palestinienne de toute perspective, n'a pu que le renforcer. Et la réaction des gouvernants israéliens et de leurs soutiens occidentaux prouve que la démocratie parlementaire et les élections libres dont ils se vantent tant ne valent que si elles correspondent à leurs intérêts et leurs propres attentes; cette attitude est partagée par l'opposition travailliste israélienne, qui s'est bien gardée d'émettre la moindre critique à l'encontre de cette politique menée par la droite israélienne.

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