Essence, chauffage : Bénéfice Total22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Essence, chauffage : Bénéfice Total

Les bénéfices des compagnies pétrolières ont flambé, à commencer par ceux de Total en France, qui déclare pour 2005, douze milliards d'euros de bénéfices et un bénéfice par action en hausse de 35%.

En ajoutant les augmentations du prix du carburant pour le transport et celles du combustible pour le chauffage, chaque ménage français a payé l'année dernière en moyenne deux cents euros de plus qu'en 2000. Si on multipliait par le nombre de ménages, environ vingt-quatre millions, on arriverait à près de cinq milliards d'euros qui ont été transférés de la poche des usagers aux coffres des compagnies pétrolières. S'appuyant sur ces statistiques officielles de l'Insee, l'association Que Choisir suggère l'instauration d'une taxe exceptionnelle de cinq milliards d'euros sur les bénéfices des groupes pétroliers déclarés en France, visant en particulier le principal d'entre eux, Total.

Un tel prélèvement ne constituerait qu'une partie des douze milliards d'euros de bénéfices déclarés par Total pour la seule année 2005, et seulement 10% des bénéfices cumulés entre 2000 et 2005, qui atteignent près de 50 milliards d'euros. Pour Que choisir, une telle taxe serait "exceptionnelle", alors que les bénéfices se succèdent et s'accroissent, et l'association propose qu'elle soit destinée à développer les transports en commun -ce qui serait utile, mais ne compenserait pas la perte de pouvoir d'achat des millions de gens obligés, de toute façon, de continuer à prendre leur voiture pour aller au travail.

Mais cette proposition a été écartée par le gouvernement. Le ministre de l'Économie, Thierry Breton, a déclaré qu'il préfère, "plutôt que de brandir la menace d'une taxe", l'accord auquel il était parvenu, en septembre dernier, avec Total: "C'est l'engagement (...) d'investir, dans les trois ans qui viennent, 3,5 milliards d'euros en France pour moderniser nos infrastructures." On ne voit pas en quoi une telle promesse, même si elle se réalisait, empêcherait de prélever une taxe alors que les bénéfices cumulés de ces trois dernières années dépassent 28 milliards d'euros. L'année dernière, Total a dépensé 3,5 milliards d'euros rien que pour racheter ses propres actions et gonfler ainsi son cours en Bourse, ce qui accroît automatiquement la fortune de ses actionnaires.

Et puis, le ministre s'est bien gardé de demander à Total des précisions sur les fameux "investissements" qu'il prévoit, et notamment la part qui servirait à améliorer la sécurité de ses installations pour éviter de nouvelles catastrophes comme celle d'AZF, dont Total est responsable. Cela ne serait pourtant que payer pour les dégâts qu'il a causés et cela ne réglerait pas encore tout ce que ce trust devrait restituer à la collectivité.

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