CPE - CNE : Imposer le retrait des lois qui aggravent la précarité!22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

CPE - CNE : Imposer le retrait des lois qui aggravent la précarité!

À en juger par les manifestations, celles de la semaine passée dans de nombreuses villes et celles prévues cette semaine, la jeunesse scolarisée n'a pas été impressionnée par le passage en force de Villepin pour faire adopter sans discussion la loi qui consacre l'instauration du contrat première embauche. Elle n'attend pas non plus, à juste raison, que le petit cirque parlementaire autour de la motion de censure déposée par les socialistes fasse reculer le gouvernement.

Elle agit, en revanche, pour que le gouvernement soit obligé de reculer devant les manifestations. À juste raison. Le CPE comme le CNE doivent être retirés. Il ne faut pas accepter des contrats qui permettent des licenciements sans motif et qui officialisent un peu plus la précarité.

Mais le CPE ne concerne pas seulement les jeunes et leur avenir. Il concerne le présent de l'ensemble du monde du travail. Si le CPE ne s'applique qu'aux jeunes de moins de 26 ans, le contrat nouvelles embauches s'applique, en revanche, à tous les âges si l'on travaille dans des entreprises de moins de vingt salariés. Et il est évident que, si le CNE et le CPE passent, la prochaine étape sera d'étendre à l'ensemble des salariés la forme de précarité consacrée par ces contrats.

Ces nouveaux contrats ne créeront pas un emploi de plus car les patrons n'embauchent, sous quelque contrat que ce soit, que s'ils en ont besoin. Mais en revanche ils remplaceront les contrats actuels par d'autres plus avantageux pour les patrons et qui affaiblissent un peu plus encore la position des salariés.

Depuis trente ans, tous les gouvernements qui se sont succédé ont contribué à généraliser la précarité. Qui peut énumérer tous les sigles, ces SIVP, TUC, emplois-jeunes, CES, etc., qui ont tous été autant d'autorisations aux employeurs de transgresser le code du travail, sans même parler des intérimaires? L'État lui-même emploie des dizaines de milliers de contractuels, d'auxiliaires, de vacataires dans les services publics.

Chaque fois qu'un nouveau contrat précaire a été créé, le gouvernement qui l'a inventé l'a justifié au nom du combat contre le chômage. Mais la multiplication des contrats précaires n'a pas fait reculer le chômage; en revanche, elle a affaibli les travailleurs face à leurs patrons.

Présenter la précarité comme un remède au chômage est une sinistre plaisanterie alors que les grosses entreprises, elles, continuent à supprimer des emplois. France Télécom, par exemple, a annoncé la semaine dernière la suppression de 17000 emplois en même temps qu'une augmentation de ses profits de 90% et qu'elle prévoit le doublement des dividendes distribués aux actionnaires.

Il n'y a pas d'autre moyen de combattre le chômage que d'interdire ce genre de pratique. Les grandes entreprises annoncent, les unes après les autres, des bénéfices records. Ceux de Total, les plus élevés de tous, ont soulevé des protestations, tant il est choquant que ces bénéfices, obtenus sur le dos de ses travailleurs et en volant les consommateurs, ne profitent qu'aux seuls actionnaires.

La seule façon de faire reculer vraiment le chômage, c'est d'interdire les licenciements et de contraindre les grandes entreprises à consacrer leurs profits au financement du maintien des emplois, plutôt qu'à les distribuer aux actionnaires.

Mais cet objectif n'a jamais été l'objectif d'aucun gouvernement et ne le sera jamais tant qu'il ne sera pas imposé par une contre-offensive puissante du monde du travail.

La mobilisation contre le CPE et le CNE concerne tout le monde du travail. Il faut que la journée du 7mars, à laquelle appellent à la fois les syndicats et les organisations de la jeunesse scolarisée, soit un succès. Il faut que ce succès soit suffisamment massif pour devenir l'étape d'une mobilisation croissante du monde du travail contre la précarité et le chômage, mais aussi contre tous les mauvais coups portés aux travailleurs depuis tant d'années.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 20 février

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