Contrat nouvelles embauches : La voie ouverte aux licenciements22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contrat nouvelles embauches : La voie ouverte aux licenciements

Sept mois après la création du contrat nouvelle embauche, les conseils de prud'hommes commencent à recevoir des plaintes déposées par des salariés pour licenciement abusif.

Le CNE permet à toute entreprise de moins de vingt salariés de licencier pendant deux ans un salarié embauché avec ce type de contrat sans avoir à donner de justification. Ce qui est d'ailleurs en totale contradiction avec la convention 158 de l'Organisation internationale du travail et l'article 24 de la Charte sociale européenne, textes qui posent l'obligation de justifier tout licenciement, et dont la France est partie prenante!

"Le patron a tous les droits, le salarié aucun", c'est ce que certains employeurs ont déduit de ce nouveau pouvoir dont le gouvernement leur a fait cadeau. Ainsi, plusieurs femmes enceintes ont été licenciées après la déclaration de leur grossesse à leur employeur; un boucher, qui faisait ses courses en jogging pendant son jour de congé dans le supermarché où il travaillait, a subi le même sort; licenciés aussi certains travailleurs pour avoir osé réclamer le paiement des heures supplémentaires effectuées!

Et ce n'est que le début! Plus on approchera de la fin de la période des deux ans, plus les licenciements de ce genre risquent de se multiplier, estiment les syndicats, les patrons ne voulant pas être contraints de transformer ces contrats en véritables CDI. Par ailleurs, tous les salariés embauchés en CNE ne sont pas forcément au courant de leurs droits, ou ne connaissent pas les démarches à effectuer pour les faire valoir car c'est au salarié de prouver qu'il a été victime d'un licenciement abusif et la réalité des licenciements abusifs doit être bien plus vaste que le nombre de plaintes déposées.

À l'heure où le gouvernement fait la promotion du CPE, un CNE pour les jeunes applicable dans toutes les entreprises, la publication des méthodes de ces patrons qui se croient de droit divin fait un peu désordre. Certains membres du gouvernement, et même la présidente du Medef, Laurence Parisot, ont tenu à rappeler qu'il existait encore un code du travail, autrement dit qu'il ne faut pas trop tirer sur la ficelle, au risque de provoquer la colère des travailleurs.

Ceux qui en sont victimes ont raison de contester leur licenciement devant les Prud'hommes. Mais c'est le CNE dans son ensemble qui est abusif, parce qu'il offre la possibilité aux employeurs de licencier des travailleurs comme ils l'entendent pendant deux ans. Ce n'est pas devant les tribunaux, mais dans la rue, que les travailleurs pourront obliger le gouvernement à remballer les CNE, CPE, ainsi que toutes les attaques dont ils sont l'objet.

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