Retrait des «contrats première embauche» et des «contrats nouvelle embauche»! À bas la précarité!08/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1958.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Retrait des «contrats première embauche» et des «contrats nouvelle embauche»! À bas la précarité!

Les manifestations pour exiger le retrait du «contrat première embauche» dans près de 150 villes ont été un succès. Une seule manifestation ne suffira pas pour faire reculer le gouvernement. Alors, il faut que la pression continue. Lorsqu'en son temps Balladur, alors Premier ministre, avait voulu imposer un smic pour jeunes, les manifestations qui s'étaient succédé avaient fini par l'obliger à retirer son projet. Cette fois-ci encore, il faut les obliger à reculer.

Car ce contrat, variante pour jeunes de moins de 26 ans du «contrat nouvelle embauche», est une infamie. Les deux contrats ont en commun que, pendant deux ans, le salarié embauché peut être licencié du jour au lendemain sans motif, c'est-à-dire sans raison. À la différence du «contrat nouvelle embauche» qui ne s'applique qu'aux entreprises de moins de vingt salariés, le «contrat première embauche» s'applique à toutes les entreprises sans exception. Ce qui signifie que, même les plus grandes entreprises, les plus riches et les plus profitables, peuvent désormais embaucher des jeunes sous ce contrat précaire, puis les jeter dehors après un temps variable, sans qu'elles aient à fournir la moindre justification. C'est la généralisation de la précarité. C'est un cadeau au grand patronat.

Villepin a eu le culot de prétendre récemment: «Il n'y a jamais eu une proposition faite aux jeunes qui soit aussi avantageuse et protectrice»! Ce serait même «le projet le plus social jamais élaboré pour les jeunes»!

Il faut faire rentrer dans la gorge leur cynisme à ces ministres, ces domestiques du grand capital, qui aggravent toujours plus les conditions du monde du travail pour multiplier les faveurs au grand patronat.

Ces contrats ne créeront évidemment pas un emploi de plus. Les patrons n'embauchent que lorsque leur production l'exige. Tous les patrons qui sont dans le champ d'application de ces contrats précaires embaucheront avec ces contrats précaires. Un nombre croissant de travailleurs seront condamnés à vivre dans l'incertitude, dans la crainte permanente d'être licenciés, sans savoir ce qu'ils deviendront, sans pouvoir même louer un logement, car les propriétaires sont entièrement libres de louer à qui ils veulent.

Il ne faut pas laisser passer cette loi. Assez de cette multitude de contrats précaires, de ces temps partiels non choisis, de ces stages mal payés ou pas payés du tout, que les gouvernements qui se sont succédé depuis un quart de siècle se sont ingéniés à inventer! Tous ces artifices ne diminuent pas le chômage. Ils permettent seulement de le dissimuler par la radiation de milliers de chômeurs de l'ANPE.

Ce gouvernement ne laisse pas passer une semaine sans porter un nouveau coup contre les travailleurs. La semaine même où le «contrat première embauche» est en discussion au Parlement, le gouvernement est en train de faire adopter par une majorité aux ordres l'abaissement de l'âge légal de l'apprentissage et, par la même occasion, la possibilité d'autoriser le travail de nuit pour les mineurs à partir de 15 ans. C'est encore une infamie.

Comme l'est aussi la loi présentée par Sarkozy sur l'immigration. Elle aggravera les conditions d'obtention de la carte de séjour en rendant quasiment impossible pour un sans-papiers de régulariser sa situation, même s'il peut justifier de dix ans de présence dans le pays. Elle rendra plus dure la vie de tous les travailleurs immigrés en interdisant pratiquement le regroupement familial. Les hommes de droite au pouvoir savent que les entreprises de production ne peuvent pas se passer des travailleurs immigrés. Mais l'«immigration choisie», c'est choisir en fonction des besoins du grand patronat. C'est, surtout, rendre le sort des travailleurs immigrés plus précaire.

En affaiblissant la situation d'un nombre croissant de travailleurs, jeunes, immigrés, précaires en tout genre, le gouvernement et le patronat veulent affaiblir l'ensemble du monde du travail. Il ne faut pas les laisser faire!

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 6 février

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