L'entreprise TSI a repris le 1er février, un chantier de nettoyage, grandes lignes et banlieue, en gare d'Austerlitz. Les ouvriers de ce secteur ont l'expérience des confrontations avec le patronat du nettoyage, qui ne recule devant rien pour ses profits: bas salaires, temps partiels, contrats précaires, effectifs insuffisants. À chaque renouvellement du contrat avec ses sous-traitants, la SNCF fait appel aux moins offrants, qui tentent donc de remettre en question les «avantages acquis».

Rendus méfiants par l'expérience, les nettoyeurs ont fait savoir qu'ils souhaitaient rencontrer eux-mêmes leur nouvelle direction, avant même qu'elle soit à la barre... en l'avertissant qu'ils étaient prêts à se mettre en grève en cas de coup de jarnac.

Après avoir rencontré des représentants syndicaux CFDT et Sud, TSI a donc accepté de venir sur le chantier... le 31 janvier à 21h30. Les ouvriers ont fait valoir leurs salaires, supérieurs à la grille conventionnelle, ainsi que des primes particulières au chantier, résultat de grèves passées. TSI se dit rapidement d'accord sur le maintien des avantages acquis, individuels et collectifs, y compris pour les remplaçants (CDD).

Mais dès que les ouvriers demandèrent que leurs salaires bénéficient des augmentations conventionnelles annuelles, le DRH de TSI refusa de s'engager par écrit. Il dut repartir sous les huées des nettoyeurs qui entraient immédiatement et à 100% en grève reconductible.

Au matin du 1er février, une assemblée générale reconduisait à l'unanimité la grève pour 24heures, décidait de la mise en place d'un comité de grève, élu et révocable, et allait déposer les revendications à la direction SNCF de la gare d'Austerlitz, conscients que c'était elle «le vrai patron», et lui demandant d'intervenir.

Le 2 au matin, les grévistes intervenaient à nouveau, cette fois pendant la réunion des délégués du personnel cheminot de la gare. Là, la direction SNCF s'engagea à s'informer auprès de TSI des raisons de son mutisme devant les revendications des ouvriers. Le soir même TSI signait un protocole qui garantissait des augmentations pour tous les salaires, alignées sur les augmentations conventionnelles, ainsi que le paiement des jours de grève si le travail reprenait rapidement.

Le comité de grève, avec l'approbation des présents, décidait donc un premier nettoyage, tout en remettant la décision de signer le protocole à l'assemblée générale du lendemain, prise alors à l'unanimité... avec la ferme volonté de rester vigilants si TSI ne tenait pas ses engagements.