Le retour de la directive Bolkestein08/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1958.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le retour de la directive Bolkestein

L'Union européenne veut tirer salaires et conditions de travail vers le bas

«La directive Bolkestein n'existe plus», avait déclaré Chirac pendant la campagne du référendum sur la Constitution européenne. Et Strauss-Kahn, du PS, lui avait fait écho: «Elle est tombée dans les poubelles de l'histoire.» Mais visiblement la Commission européenne l'a ressortie de la poubelle puisque, dans une version à peine modifiée, elle fera finalement l'objet d'un vote au Parlement européen, le 14 février prochain.

Les syndicalistes de la CGT, CFDT, CFTC, FO, UNSA, SUD, FSU, etc., appellent, à juste titre, à manifester à Strasbourg, dès le 11 février, ainsi que le jour du vote contre cette directive qui entend encore dégrader les conditions de travail des salariés européens.

La directive Bolkestein avait fait l'effet d'une bombe au moment où les dirigeants européens essayaient d'imposer leur traité constitutionnel et il leur avait semblé plus judicieux de la mettre en veilleuse. Mais, depuis, elle a fait son petit bonhomme de chemin et la voilà de retour dans une version à peine modifiée. Si le texte a été amendé sur certains points, la rapporteuse de cette directive au nom du Parlement européen, la socialiste allemande Evelyne Gebhardt, admet elle-même que, sur certains points, elle est «pire que la proposition initiale».

Le fond de la directive reste le même: traiter les salariés des entreprises prestataires de services non pas en fonction des conditions de travail et de salaires du pays donneur d'ordres mais en fonction du pays d'origine, ce qui revient à tirer vers le bas les conditions d'exploitation et de rémunération. Tout au plus est-il concédé que le pays d'accueil devra vérifier que le droit social du pays d'origine est bien respecté!

D'autre part, en commission, un amendement qui tentait d'exclure les services publics de cette directive a été rejeté. Les seules activités qui en seraient exclues, du moins pour le moment, seraient la santé, les services sociaux, la culture, l'audio-visuel et les jeux de hasard! En revanche, des pans entiers du secteur public seraient visés comme celui de l'eau, de l'énergie, du ramassage des ordures, tous secteurs où les entreprises privées engrangent déjà des profits faramineux. Le secteur éducatif serait également menacé.

Avec cette initiative, l'Union européenne entend généraliser des pratiques qui ont déjà cours et qui ont été dénoncées à de multiples reprises, comme par exemple l'embauche au tarif de leur pays d'origine de salariés d'Europe de l'Est ou de pays du Tiers Monde aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire. Encore ces jours-ci, on apprenait qu'à Porcheville, EDF faisait appel à un sous-traitant polonais qui payait ses salariés deux ou trois euros de l'heure et les logeait de manière inadmissible.

Pendant la campagne référendaire, les partisans du traité constitutionnel, de droite comme de gauche, avaient prétendu que l'Union européenne était par elle-même une garantie que le droit social serait tiré vers le haut. Mais en réalité, c'est tout le contraire. Par le biais de cette directive, l'Union européenne tente de fournir des armes juridiques supplémentaires aux patrons, qui en sont déjà fort bien pourvus, pour réduire encore les droits sociaux existants en tirant salaires et conditions de travail vers le bas.

C'est bien pourquoi cette directive doit être rejetée!

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