Fonderie Rencast – Delle : L’emploi à nouveau menacé08/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1958.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderie Rencast – Delle : L’emploi à nouveau menacé

À l'usine Rencast de Delle, où 210 travailleurs fabriquent des carters et pièces en aluminium de moteurs d'automobile (70% pour PSA), plus de 80 emplois sont menacés.

L'histoire de cette usine est celle d'une cascade de ventes et de rachats, avec à chaque fois des suppressions d'emplois à la clef. L'usine de Delle a appartenu au groupe Valfond, propriété durant cinq ans du milliardaire Michel Coencas, longtemps protégé de Peugeot. Quand il comparaissait devant les tribunaux pour fraude fiscale, détournement de fonds, qu'il opérait des dépôts de bilan artificiels pour licencier à sa guise et transformer des dettes en profits, ce Coencas était comparé à Tapie. En 1999, il a revendu Valfond à l'Union des Banques Suisses pour 1,6 milliard de francs, somme considérée comme démesurée à l'époque par les journalistes financiers. La fortune de Coencas était alors estimée entre 2 et 4milliards d'euros. C'est en arguant de pertes insupportables que les banquiers d'UBS se sont aussi vite débarrassés de Valfond, sans aucun souci pour les travailleurs, en s'ingéniant à la saucissonner et en sabrant dans les emplois. Mais si, comme ils le prétendent, ils ont fait une mauvaise affaire, cela n'a pas affecté les énormes bénéfices de l'UBS: en 2004, des profits records de 5,2 milliards d'euros.

C'est en février 2004 que le groupe Rencast, créé par des dirigeants venant de Valfond, a repris le secteur Aluminium de l'usine de Delle.

Avec l'appui des pouvoirs publics, qui ont effacé la plus grande partie des dettes fiscales et sociales, bénéficiant d'allégements d'impôts et de charges, et d'aides nombreuses à tous les niveaux, les prédateurs de Rencast ont fait une bonne affaire en faisant payer le prix fort aux ouvriers (50 licenciements sur 130 salariés à Douvaine en Haute-Savoie), en aggravant la précarité, les conditions de travail et de salaires.

Ces «repreneurs» disaient aux syndicats qu'ils ne prévoyaient pas de licenciements économiques à Delle. Seulement, des machines de fonderie ont été déménagées vers d'autres sites, et il n'y en a jamais eu d'autres amenées en échange, contrairement à leur promesse de soi-disant concentrer la production sur les grosses pièces. En à peine deux ans, une quarantaine d'emplois ont déjà été supprimés à Delle. Depuis deux mois, les intérimaires ont été renvoyés.

Dans l'Est Républicain du 10 janvier, le directeur de l'usine de Delle déclarait: «Pour autant, le résultat de 2005 du groupe sera bien meilleur que celui de 2004, et nous avons pris pas mal de commandes. Mais avec des marges très faibles, étant donné la concurrence qui fait rage entre les équipementiers et sous-traitants de l'automobile. Il nous faut donc impérativement augmenter notre productivité, pour éviter que nos comptes ne basculent, dans les années à venir, dans le "rouge".» Alors, ils «réfléchissent»... à un plan de licenciements, le DRH ayant avancé le chiffre de 80 emplois à supprimer à Delle. En attendant, ce n'est pas le travail qui manque, en 3 x 8, dans des conditions toujours aussi dures.

Des profits gagnés sur notre dos et notre sueur, il y en a eu beaucoup et il continue à en couler, de quoi assurer largement le maintien des emplois et des salaires.

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