Décentralisation des Atoss : Qu’en est-il aujourd’hui?08/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1958.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Décentralisation des Atoss : Qu’en est-il aujourd’hui?

Au 1er janvier 2006, 96000 Atoss, personnels administratifs, techniciens, ouvriers et personnels de services des collèges et lycées, ont été mis à disposition des collectivités territoriales. Leurs nouveaux patrons sont maintenant le Conseil régional pour ceux des lycées et les Conseils généraux pour ceux des collèges.

Les Atoss ont le choix entre deux options: soit la fonction publique territoriale, soit le détachement longue durée en préservant le statut fonction publique d'État. Dans un premier temps, quel que soit le choix, tous restent dans les établissements scolaires. Mais ensuite ceux ayant opté pour la fonction publique territoriale se verront offrir des postes hors établissements scolaires.

Le transfert de ces 130000 fonctionnaires aux collectivités territoriales risque d'avoir des conséquences sur leurs conditions de travail. Car à nouveau patron, nouvelle donne. Et les collectivités territoriales ont la possibilité de tout remettre à plat: durée des congés, maintient ou non des pauses, primes, etc. Or, éparpillés, face à autant de patrons différents qu'il y a de régions et de départements, les travailleurs sont en moins bonne situation pour se défendre si leurs conditions de travail sont revues à la baisse.

Un autre aspect de la décentralisation est le développement de la privatisation. Le directeur de l'administration en charge de la décentralisation affirmait, lors d'une commission d'enquête sur la fiscalité, que les collectivités territoriales auraient la possibilité d'aménager «le degré et le mode d'intervention d'entreprises privées en complément des fonctionnaires. Cette complémentarité existe déjà, mais elle pourra être redéfinie par les collectivités...» Cela n'est pas anodin et les collectivités territoriales peuvent en profiter pour rentabiliser au maximum le travail des Atoss ou se débarrasser de leur gestion en les confiant au secteur privé.

Déjà, dans certains collèges, des «techniciens» du Conseil général viennent dans les cuisines expliquer aux Atoss comment être plus rentables, poussant parfois le bouchon jusqu'à leur dire que maintenant il va falloir être motivé... Les Atoss apprécient, eux qui ont déjà un travail éprouvant pour un salaire qui avoisine le smic.

Mais surtout, le nettoyage et la restauration scolaire sont un énorme marché sur lequel lorgnent nombre d'entreprises de nettoyage ou de restauration. Eh bien, la décentralisation permettra aux collectivité territoriales qui le désirent de leur offrir cette manne, avec le risque que ce soit au détriment de la qualité et du prix des repas, du nettoyage et des conditions de travail.

Il n'y a donc aucun intérêt pour les Atoss à accepter la proposition d'intégrer la fonction publique territoriale. Mais en même temps, ceux-ci se rendent compte que le statut de fonctionnaire de l'Éducation nationale n'est en rien une protection contre le dépeçage du service public et la dégradation de leurs conditions de travail.

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