Le Clemenceau : Comment s'en débarrasser?18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le Clemenceau : Comment s'en débarrasser?

Les 22000 tonnes de ferraille (agrémentées de quelque cinquante à cent tonnes d'amiante) du Clemenceau, devraient se trouver, à l'heure qu'il est, quelque part en mer Rouge. Remorqué à petite vitesse, le navire arrivera ensuite, si tout se passe bien, cinq ou six semaines après sur les côtes de l'Inde, pour l'ultime démolition. Mais ce n'est pas gagné d'avance, car cet ex-fleuron de la flotte de guerre française accumule les avanies et ne parvient ni à disparaître ni à se faire oublier.

Le passage du canal de Suez lui a été dans un premier temps refusé faute de documents en règle. Il était sans papiers, tout comme un simple travailleur immigré. Les choses ayant fini par s'arranger, grâce à l'intervention des autorités françaises, il reste que c'est l'arrivée en Inde qui est maintenant problématique. En effet la Cour suprême de ce pays lui en refuse pour le moment l'accès, à cause de l'amiante qu'il contient. La réponse définitive est prévue à partir du 13 février, lorsque le Clemenceau sera à peu près arrivé. Mais que se passera-t-il si la Cour suprême maintient son refus, décision il est vrai extrêmement peu probable? Faudra-t-il alors couler le Clemenceau au large dans l'Océan indien?

Le Clemenceau, désarmé depuis 1997, avait déjà dû en 2003 parcourir la Méditerranée en tous sens sans parvenir à se faire démolir. Après une tentative en Espagne, puis en Grèce, il avait dû revenir à Toulon, pour y subir un désamiantage partiel.

Il est cependant très probable qu'il finira quand même par être démantibulé sur la plage d'Alang, premier chantier mondial de démolition, par des ouvriers qui travaillent dans des conditions de sécurité (et de salaires) scandaleuses.

Si le Clemenceau défraye la chronique, n'oublions pas que 700 navires sont démolis chaque année dans des chantiers analogues du Tiers Monde, et dans des conditions probablement encore pires.

Il risque d'y rejoindre un autre fleuron de la marine, le Norway, ex-France qui aurait été vendu à un démolisseur du Bangladesh. Le Norway contiendrait, en plus de tout un tas de résidus toxiques, 900 tonnes d'amiante, qui ont empoisonné les ouvriers qui l'ont construit, et qui vont empoisonner les ouvriers qui vont le démolir.

Partager