Réussite scolaire : Une question de moyens, pas de quotas11/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1954.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Réussite scolaire : Une question de moyens, pas de quotas

Accueillir dans les classes préparatoires aux grandes écoles un tiers d'élèves boursiers, c'est-à-dire issus pour l'essentiel de familles pauvres: tel est le moyen proposé par Chirac, lors de ses voeux à la presse le 4 janvier, pour démocratiser le recrutement des élites du pays.

De fait, le système scolaire est un reflet de l'inégalité qui règne dans la société. Les salariés représentent 31% de la population, mais leurs enfants seulement 11% des étudiants et 5% des élèves des classes préparatoires aux grandes écoles. À l'inverse, les professions libérales et cadres supérieurs forment 13% de la population, mais leur progéniture fournit 32% des étudiants, 52% des élèves des classes préparatoires, et 62% de ceux qui entrent réellement dans les grandes écoles. Entre deux jeunes issus de ces deux catégories sociales, l'inégalité des chances est de un à trente.

Comment Chirac compte-t-il s'y prendre pour établir davantage de justice? Il a parlé de garantir aux bacheliers les meilleurs un droit d'accès aux classes préparatoires, et donc de clore les inscriptions en juillet, après les résultats du bac, et non dès janvier, date de dépôt des dossiers.

Qu'est-ce que cela changerait? Les élèves qui ont les meilleurs dossiers scolaires obtiennent généralement au bac les meilleurs résultats, et se retrouvent étudiants dans les proportions déjà citées.

Même des quotas imposés d'élèves venant de quartiers défavorisés ne changeraient rien.

La vraie question n'est pas là. Que, parmi les élèves qui réussissent, il y en ait qui soient issus de l'immigration, ne change rien à l'essentiel. C'est même une façon de le masquer. Car il ne s'agit pas d'imposer, même par des artifices, une petite pincée supplémentaire d'enfants d'ouvriers dans les institutions d'État, mais de fournir à tous les enfants, y compris et surtout ceux des milieux défavorisés entre autres par une mauvaise maîtrise de la langue française, les moyens d'accéder à la culture générale que leur famille ne peut pas, le plus souvent, leur transmettre. Cela veut dire, dès la maternelle, des classes à effectifs suffisamment réduits pour que les enseignants puissent s'en occuper, et donc des enseignants en nombre suffisant.

Le reste n'est que démagogie et poudre aux yeux, que cela vienne de Chirac ou du Parti Socialiste.

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