La Bible à l'école : On progresse à reculons11/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1954.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La Bible à l'école : On progresse à reculons

Le ministère de l'Éducation nationale est revenu dans un texte sur la notion de "socle commun des connaissances et des compétences" -ce que tout élève devrait avoir acquis à la fin de sa scolarité obligatoire.

Ce "socle" se rapporte à cinq domaines: le français, les mathématiques, l'acquisition d'une culture humaniste et scientifique, la pratique d'une langue étrangère et la connaissance des techniques actuelles de la communication.

Pour l'instant, le texte rédigé par le ministère est suffisamment général pour pouvoir être accroché à n'importe quel programme de n'importe quelle classe, d'autant qu'aucune progression dans les apprentissages n'est indiquée. Un point cependant est précisé, rentrant curieusement dans la rubrique "Culture humaniste et scientifique": les élèves devront être "préparés à partager une culture européenne par une connaissance simple de la Bible", ce qui leur permettrait, toujours selon le ministère, de... "comprendre la complexité du monde"!

On a du mal à voir comment ce gros roman datant d'il y a 2000 ans aiderait à comprendre la "complexité" du monde d'aujourd'hui, à supposer même qu'elle aide à comprendre celle du monde d'hier.

Quant à la "culture humaniste" que l'on est censé acquérir en la lisant, parlons-en: les pages sont remplies d'assassinats complaisamment évoqués, entre membres d'une même famille ou par suite de vengeances implacables, de multiples violences, sans oublier toutes les coucheries, notamment entre père et filles... Bel exemple d'humanisme que l'on propose aux jeunes!

La culture "scientifique" dispensée par la Bible n'est pas non plus en reste: la mer Rouge s'ouvre en deux, uniquement pour que les Hébreux puissent la traverser à pied sec, les petits poissons se multiplient afin de nourrir tout le monde, les morts ressuscitent et montent tout droit au ciel sans autre mode de propulsion que leur volonté, et un Mathusalem a vécu jusqu'à 969 ans, ce qui est quand même un record à une époque où l'espérance de vie ne devait guère dépasser trente ans! Avec tous ces miracles et ces tours de magie, pour un peu, on se croirait dans un épisode d'Harry Potter...

L'étude d'extraits de la Bible figure d'ailleurs déjà dans le programme de français de la classe de 6e, au même titre que celle d'autres textes dits "fondateurs" (et tout aussi légendaires) que sont l'Énéide et l'Odyssée. De Robien n'introduit pas une nouveauté, il ne fait qu'asperger d'eau bénite les grenouilles réactionnaires, nostalgiques de l'époque où l'Église avait son mot à dire dans l'éducation des jeunes. Ceux-ci, pourtant, seraient mieux à même de "comprendre le monde" si les programmes scolaires montraient clairement comment l'humanité, pour progresser, a dû s'appuyer sur les découvertes scientifiques et dépasser les préjugés religieux.

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