De Robien et les professeurs "bivalents" : "Optimisation" des économies11/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1954.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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De Robien et les professeurs "bivalents" : "Optimisation" des économies

De Robien, le ministre de l'Éducation, a déclaré qu'il voulait recruter des professeurs capables d'enseigner deux disciplines au collège, soit dans le domaine littéraire (français et langue, ou histoire-géographie), soit dans le domaine scientifique (mathématiques et sciences).

L'idée n'est pas nouvelle. Il existe déjà dans les lycées professionnels des professeurs enseignant deux disciplines. Au collège, dans les années soixante jusqu'en 1986, on a recruté également des enseignants de ce type: les PEGC (professeurs d'enseignement général de collège), souvent d'anciens instituteurs, qui faisaient des études moins longues et ont eu, pendant des années, un horaire plus lourd que les autres professeurs titulaires de collège.

Bien sûr, de Robien justifie son projet en affirmant que l'élève qui quitte l'école primaire pour entrer en sixième sera moins perdu s'il se retrouve avec un nombre moins grand d'enseignants qu'aujourd'hui. Il y voit un grand avantage, pour les élèves et pour les enseignants qui seraient plus longtemps devant la même classe et la connaîtraient donc mieux. On peut en douter, quand on sait qu'en réalité de nombreux PEGC n'avaient qu'une hâte: enseigner une seule matière, au lieu d'être ballottés de l'une à l'autre, et cesser d'être considérés comme des professeurs moins qualifiés.

De Robien démontre qu'on peut trouver des arguments pédagogiques pour justifier n'importe quoi, quand il s'agit de faire des économies!

Car c'est bien là le fond du problème: le gouvernement veut ce qu'il appelle de la souplesse dans la gestion du personnel, et il est plus facile d'utiliser les professeurs comme "bouche-trous" pour remplacer des absents ou de les muter, quand ils peuvent tenir deux postes. Or le ministère prévoit de supprimer plus de 2000 postes dans le secondaire (lycées et collèges) pour 2007, dont plus de 600 par exemple dans l'académie de Lille. Cela fait de nombreuses mutations en perspective, qu'il serait plus facile d'assurer si la "bivalence" se généralisait.

"L'optimisation qualitative de l'Éducation nationale", selon les termes utilisés par de Robien, c'est les économies sur le personnel et sur la qualité de l'enseignement.

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