Quatre mesures contre la violence scolaire : Du vent!22/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1951.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quatre mesures contre la violence scolaire : Du vent!

L'agression d'une enseignante par un élève à Étampes, en région parisienne, a remis en évidence le problème de la violence en milieu scolaire. Pour y répondre, le ministre de l'Éducation, de Robien, a proposé quatre "pistes de réflexion": installer, dans les établissements à problèmes, une permanence policière et juridique, des portiques détecteurs de métaux, une salle pour recevoir les parents, et former les professeurs "à faire face aux situations de tension". Autant de bouts de sparadrap destinés plus à masquer les blessures qu'à les soigner.

Chaque année, le ministère publie des statistiques concernant les actes de violence signalés par les établissements, constate leur augmentation... et passe au rapport suivant. Pour l'année scolaire 2004-2005, 80000 actes ont été signalés dans le second degré (lycées et collèges), soit une hausse de13% sur deux ans. La plupart du temps, les élèves en sont les premières victimes, mais les insultes, les menaces graves, les violences physiques allant jusqu'aux coups de couteau comme à Étampes, atteignent aussi les enseignants. Ceux qui exercent en outre dans les quartiers défavorisés sont confrontés à des élèves qui, cumulant difficultés scolaires et difficultés sociales, subissent l'école et la discipline nécessaire à tout apprentissage comme une contrainte intolérable. Et dans certains établissements où sont regroupés ces élèves en situation d'échec (pas seulement en banlieue et pas seulement en ZEP), s'installe parfois un climat d'agressivité que les enseignants ainsi que l'administration ont du mal à contenir.

Face à cette violence qui croît en même temps qu'augmente le nombre d'élèves en rupture que l'école accueille, le ministère de l'Éducation nationale n'a jamais donné la réponse que les personnels attendent: des éducateurs en plus grand nombre; une infirmière et un conseiller d'orientation-psychologue à temps plein dans chaque établissement pour mieux suivre les élèves, surtout ceux qui ont des problèmes de comportement ou des difficultés pour apprendre; des moyens supplémentaires pour redonner le goût d'étudier à ceux qui "décrochent", etc.

Le "plan violence" de 1997 avait abouti à un saupoudrage de postes dans les établissements les plus difficiles, ainsi qu'à... un numéro de téléphone destiné aux professeurs ayant des problèmes. Aujourd'hui, de Robien propose de créer "une permanence avec des représentants de la police et de la justice" dans les établissements où il y a le plus d'incidents, pour venir... "écouter les professeurs menacés par des élèves". Voilà qui ne risque pas de faire retomber la pression et ne mettra sûrement pas à l'abri des menaces ou des coups le professeur qui ira y exposer ses craintes! Quant aux dispositifs coûteux que le ministre envisage de mettre en place (caméras, détecteurs d'armes), ils bénéficieront certes aux entreprises qui les fabriquent, mais ne serviront à rien pour enrayer la violence.

Les mesures avancées par de Robien ne sont destinées qu'à faire croire que le gouvernement se préoccupe des problèmes de violence à l'école. Mais elles ne peuvent convaincre ceux qui, quotidiennement, se battent pour apporter des connaissances aux élèves, dans des conditions de plus en plus difficiles et avec des moyens qui s'amenuisent.

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