Une justice indépendante? C'est vite dit07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Une justice indépendante? C'est vite dit

Les sanctions susceptibles de frapper des magistrats sont limitées à des cas rarissimes. La raison invoquée est qu'ils doivent jouir d'un statut inamovible qui serait le gage de leur "indépendance" et à travers cela, de l'indépendance de la justice. Mais une indépendance par rapport à quoi? Sorti de l'École de la magistrature, on veut bien croire que par son milieu, ses relations professionnelles, ses dîners en ville, un juge réussisse à conserver ses distances... par rapport aux milieux populaires. En revanche, par rapport au député du coin, au préfet, au notaire, au président de la Chambre de commerce, il y a davantage de proximité, accompagnée le plus souvent d'un penchant social et culturel pour toutes les valeurs de conservation de cet ordre social bourgeois, qu'ils sont chargés de défendre. Sans parler des pressions politiques, acceptées ou subies par les magistrats, qui à de rares exception près sont des rouages de ce système.

Si à l'avenir les juges d'instruction pouvaient être plus facilement sanctionnés, cela permettrait-il à quelques accusés à tort d'échapper à cette machine à broyer? Peut-être. Mais de la part du gouvernement, n'invoquer que la responsabilité du juge d'instruction, c'est une façon de botter en touche.

Au bout de près de cinq ans, le cri des emprisonnés d'Outreau ne pouvait plus être étouffé. Alors les plus hauts personnages de l'État ont pris les devants pour que la faute retombe en priorité sur un magistrat particulier. Il n'est certes pas pour rien dans ce qui s'est passé. Mais cela permet d'éviter que le rôle de cette justice prétendument indépendante soit remis en cause.

Partager