États-Unis : Millième exécution capitale07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Millième exécution capitale

Kenneth Lee Boyd, un ancien de la guerre du Vietnam, bonne école du crime, condamné à mort en 1994, a été exécuté vendredi 2décembre par injection létale dans la prison de Raleigh, en Caroline du Nord. Cette exécution est la millième depuis 1976, date à laquelle la peine de mort a été réintroduite dans trente-huit États sur les cinquante que comptent les États-Unis. Depuis cette date, les exécutions se sont poursuivies à un rythme soutenu, même si les chiffres de cette comptabilité macabre montrent une baisse sensible: 98 exécutions en 1999, 71 en 2002 et 59 en 2004. Mais au total, ce sont encore 3415 condamnés à la peine capitale qui croupissent dans les couloirs de la mort aux États-Unis.

Aujourd'hui, les partisans de l'abolition de la peine de mort axent leur campagne sur les réalités des erreurs judiciaires qui ont conduit des dizaines d'innocents dans les chambres d'exécution. Un centre de recherches, le Center on Wrongful Convictions, a étudié 51 cas de condamnés à mort et constate que près de la moitié l'avaient été suite à de faux témoignages. Une partie de l'opinion américaine, jusque-là majoritairement favorable à la peine de mort, serait en train de changer.

Mais même si on peut noter un léger recul des exécutions et s'en réjouir, la majorité des États continuent à maintenir les dispositifs. Il y a bien sûr les États républicains du Sud, au premier rang desquels se trouve le Texas, fief de Bush et de sa famille, Texas qui détient un sinistre record avec 355 exécutions depuis 1976. Mais il y a aussi des États démocrates comme le Connecticut ou le Vermont. En 2005, ces deux États ont procédé à la première application de la peine de mort depuis respectivement quarante-cinq ans pour le premier et cinquante ans pour le second. En fait, républicains comme démocrates, qu'ils soient convaincus ou non, sont trop sensibles aux pressions qu'exerce la partie la plus réactionnaire ou conservatrice de leur électorat pour prendre le risque de ne pas se faire réélire.

Ceux qui sont exécutés sont des pauvres. Sur l'ensemble des exécutions connues depuis 1976, 34% concernent des Noirs alors que ces derniers ne représentent que 12% de la population américaine. C'est que la proportion de pauvres est plus importante dans la population noire. Or le système judiciaire est organisé de telle sorte que ceux qui n'ont pas les moyens de payer, cher, des avocats, en leur donnant les moyens financiers de faire leur propre contre-enquête, de procéder à des expertises, de rechercher des témoins pour démonter l'accusation, n'ont guère de chances d'éviter une lourde condamnation.

La loi du talion, les mesures dites exemplaires contre la criminalité continuent à nourrir le commerce électoral de la majorité des politiciens américains. Ces responsables politiques qui prétendent vivre dans le pays le plus évolué, qui prétendent exporter un modèle démocratique dans le reste du monde, parfois en intervenant militairement, maintiennent des pratiques barbares.

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