EDF – Centre d'études Montrouge (92)07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF – Centre d'études Montrouge (92)

Il vaudrait mieux que précairene rime pasavec nucléaire

Fin 2004, EDF a lancé les études pour passer à la partie finale du réacteur EPR, c'est-à-dire à la construction elle-même de ce réacteur nucléaire de nouvelle génération. Le premier de la série doit être implanté sur le site de Flamanville dans la Manche, avec une mise en service prévue pour 2012.

Or, ces études ne se déroulent pas dans les conditions de sûreté que l'on est en droit d'espérer pour un projet présenté, par ailleurs, comme le dernier cri de la technologie -son coût est d'environ 3 milliards d'euros- mais représentant un risque potentiel pour la population.

Tout d'abord, EDF a décidé de sous-traiter beaucoup plus d'activités d'ingénierie que pour la réalisation des réacteurs précédents. Ensuite, les études sont conjointes avec celles d'un EPR commandé par la Finlande. Il s'ensuit une multiplication des intervenants, et bien sûr une dilution des responsabilités.

Toute cette sous-traitance en cascade se traduit par le recours massif à des prestataires qui ne sont pas familiers avec les spécificités de l'ingénierie nucléaire et qui, une fois leur activité terminée, seront priés d'aller trouver du travail ailleurs. Qui donc aura alors une réelle connaissance des études réalisées, car tout, surtout ce qui est délicat, n'est pas forcément écrit dans les dossiers?

Naturellement, des ingénieurs et des techniciens d'EDF sont chargés de la surveillance de ces études, mais encore faut-il qu'ils en aient les moyens. Or, depuis des années, EDF a également une politique assez systématique de réduction des effectifs, de départ anticipé des plus anciens, de rotation accélérée des agents dans différents postes. Ceci a conduit à une réduction importante des compétences qui s'étaient constituées au moment de la construction des centrales actuellement en exploitation.

Pourtant, dans un travail aussi complexe, il vaudrait mieux éviter que des erreurs importantes soient commises. Or, la navigation à vue et les plannings irréalistes imposés par la direction font que les changements de dernière minute sont incessants. Des études sont faites, puis refaites, puis refaites encore. Les futurs exploitants de la centrale risquent d'avoir du mal à comprendre pourquoi un réacteur censé profiter du savoir-faire acquis dans la réalisation de plusieurs dizaines de tranches est aussi mal conçu sur certains points.

Et si les conditions sont telles pour les études, qu'en sera-t-il sur le chantier quand on passera au stade de la réalisation concrète? Il y a de quoi être inquiet, car même avec des études de bonne qualité, si la construction n'est pas menée avec toutes les garanties nécessaires, la sûreté finale de l'installation pourrait être mise en cause.

Le nucléaire est une industrie à risques, mais la première source de risques, ici comme ailleurs, c'est le fait que la priorité soit donnée à la rentabilité à court terme, au mépris des conditions de travail et de la sécurité de la population.

Et de ce point de vue, la privatisation en cours d'EDF ne va malheureusement faire que pousser encore un peu plus les choses dans le mauvais sens.

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