Cram-Aquitaine – Bordeaux : Le mécontentement se fait entendre07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cram-Aquitaine – Bordeaux : Le mécontentement se fait entendre

Depuis plus d'un mois, au siège de la Caisse régionale d'assurance maladie Aquitaine, il règne une agitation dans plusieurs services de cet organisme comptant près de 900 employés et gérant principalement la retraite du régime général de la Sécurité sociale, un mécontentement qui porte aussi bien sur les conditions de travail que sur les salaires.

Pas de plate-forme téléphonique sans embauche

Pour traiter les centaines d'appels quotidiens des assurés arrivant dans les services Retraite, la nouvelle directrice veut implanter une plate-forme téléphonique. C'est une technique qui se répand actuellement dans tous les organismes de Sécurité sociale, dont il est attendu un gain de productivité et donc des économies de personnel, tout en répondant à l'accroissement des demandes provoqué par l'arrivée à l'âge de la retraite de la génération des années d'après-guerre.

La directrice a imaginé de faire fonctionner cette plate-forme téléphonique avec des employés pris parmi les 140 agents des services centraux Retraite, qui ont déjà du travail par-dessus la tête. Cela représente une charge de travail supplémentaire de plus de 20%. À tour de rôle cinq jours par mois et par groupes d'une vingtaine, les employés devraient quitter leur service pour répondre toute la journée, un casque téléphonique sur les oreilles, aux questions des assurés, parfois très pointues, prendre des rendez-vous pour d'autres collègues, etc. Pendant ce temps, leur travail habituel devrait attendre, s'il ne peut pas être fait par les employés restants dans les bureaux.

Pendant près de quinze ans, la CRAM Aquitaine n'avait pratiquement pas embauché pour des tâches de production. Le manque de personnel était devenu tel qu'il a bien fallu, depuis trois ans, recruter des jeunes. Ces jeunes employés, ayant bien vite découvert la quantité de travail très complexe exigée d'eux pour un salaire à peine supérieur au smic, ont été les premiers à réagir contre leur déplacement à la plate-forme téléphonique.

L'équipe des militants syndicaux du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a contribué à l'organisation du mouvement en prenant la parole dans les bureaux. Croyant mettre tout le monde devant le fait accompli, tout en faisant faire les travaux d'aménagement de la plate-forme téléphonique, la direction avait différé jusqu'au dernier moment la consultation du CHSCT. Elle a depuis affirmé qu'elle s'asseyait sur les avis défavorables du CSHCT et du Comité d'entreprise, ce qui n'a surpris personne, mais à présent c'est à la mobilisation de la majorité des employés du service qu'elle a à faire.

Plusieurs assemblées générales ont eu lieu, confirmant à chaque fois qu'il n'est pas question pour la majorité des employés des services centraux Retraite d'aller sur la plate-forme: si la direction veut la faire fonctionner, elle n'a qu'à faire appel à des volontaires, si elle en trouve, et surtout procéder à des embauches. Pour mieux appuyer cette volonté, depuis le 1er décembre, le mardi et le jeudi, les employés débrayent une heure et se réunissent dans le hall d'accueil des assurés.

En guise d'augmentation de salaire... la formation

Dans le hall, ils retrouvent les employés d'un autre service, la Tarification, qui regroupe une quarantaine d'employés. Ceux-ci réclament une revalorisation de leur salaire et sont entrés en lutte une semaine auparavant, après que la directrice leur eut répondu que la formation qu'ils reçoivent, pour acquérir une polyvalence qui va rendre leur tâche plus complexe, est "à elle seule la reconnaissance de leurs efforts". Les employés ont été d'autant plus ulcérés par cette fin de non-recevoir, que la directrice, comme tous les directeurs des caisses de Sécurité sociale, vient de voir son salaire revalorisé de 400 euros. Les employés, eux, après des années de quasi-blocage des salaires, n'ont eu droit qu'à une revalorisation de moins de 30 euros, il y a plusieurs mois.

En quelques jours donc, la nouvelle direction de la CRAM Aquitaine a réussi à provoquer la colère de deux services. Ce n'est peut-être qu'un début, tant le personnel de toute la CRAM a des raisons de protester contre des conditions de travail et de salaire de moins en moins acceptables.

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