Chômage : Truquage des chiffres, mode d'emploi07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : Truquage des chiffres, mode d'emploi

Martine Aubry a dénoncé au nom du PS "le maquillage artificiel auquel recourt la droite pour masquer la situation sociale extrêmement dégradée que connaît notre pays" et ironisé sur "le gouvernement qui vient d'inventer une formule qui permet de faire baisser le chômage sans créer d'emplois."

Question maquillage des statistiques l'ancienne ministre des Affaires sociales sait de quoi elle parle pour en avoir utilisé toutes les ficelles.

Il y a eu en effet une continuité entre les politiques du gouvernement Villepin et celui de Jospin dans l'art d'escamoter les chômeurs des statistiques et, plus grave encore, de supprimer des indemnisations. Ce truquage a commencé en 1985, du temps où Fabius était Premier ministre, par l'apparition de la catégorie des "dispensés de recherche d'emploi". En 1995, du temps de Juppé, ont été créées de nouvelles catégories de chômeurs exerçant des "activités réduites" de plus de 78 heures par mois. Eux aussi ont été exclus des statistiques officielles du chômage.

Il n'y a aujourd'hui pas moins de huit catégories de chômeurs. La catégorie 1 est celle des demandeurs d'emploi à temps complet immédiatement disponibles. Les catégories 2 et 3 sont celles des demandes d'emploi à temps partiel ou CDD. Les catégories 4 et 5 correspondent aux chômeurs en stage ou en CES. Depuis 1995, les demandeurs d'emplois qui ont travaillé plus de 78 heures au cours du mois sont basculés dans de nouvelles catégories (6, 7 ou 8 selon la catégorie d'origine respective). Enfin il faut signaler les personnes en Dispense de Recherche d'Emploi (demandeurs âgés de plus de 57,5 ans) indemnisés par l'Unedic sans faire partie des chômeurs officiellement recensés.

Seule la catégorie 1 est officiellement répertoriée. Tout l'art des ministres si mal nommés de l'emploi consiste à faire passer le maximum de chômeurs de catégorie 1 à d'autres catégories ou bien de les radier sous des prétextes divers.

La gauche se vante d'avoir fait considérablement diminuer le chômage quand elle était au pouvoir de 1997 à 2002. Mais en 2001, le CERC, un centre d'étude de l'emploi des revenus et des coûts, expliquait qu'"entre janvier 1997 et janvier 2000, le nombre de demandeurs d'emploi non recensés dans la statistique officielle a augmenté de plus de 440000 et absorbait près de 90% de la baisse affichée de l'indicateur officiel." En fait, les chômeurs étaient déplacés de la catégorie 1 officiellement recensée vers d'autres catégories. Le CERC expliquait que: "La part des demandeurs d'emplois hors statistique officielle du chômage a grimpé de façon spectaculaire, passant de 8,6% fin 1981 à 25,3% fin 1996 et plus de 42% fin 2000." Sous la gauche le nombre de radiations administratives a progressé rapidement passant d'une moyenne mensuelle de 5000 en 1995 à près de 20000 en janvier 2001.

Avec Borloo et Villepin, Aubry et Fabius ont prouvé qu'on pouvait trafiquer les chiffres aussi bien avec la main gauche qu'avec la droite...

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