Chirac au sommet Afrique-France : "Avocat inlassable"... de l'impérialisme français07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chirac au sommet Afrique-France : "Avocat inlassable"... de l'impérialisme français

Lors du 23e sommet franco-africain consacré à la jeunesse africaine qui avait lieu à Bamako, au Mali, samedi 3 et dimanche 4 décembre, Chirac s'est illustré, comme à son habitude, par l'hypocrisie de ses propos. Il serait "l'avocat inlassable" du continent africain. Mais en l'occurrence, il ne parlait que des intérêts des capitalistes français sur le continent africain.

Chirac a souligné la nécessité de "lutter contre la pauvreté" et d' "apporter à la jeunesse africaine ce qu'elle est en droit d'exiger pour rester chez elle". "L'avenir de l'Afrique est dans la jeunesse et l'avenir des jeunes Africains est d'abord en Afrique. À nous de leur donner les moyens de la liberté et de l'épanouissement moral et physique", a-t-il affirmé. Ces propos, visant peut-être à justifier la politique actuelle du gouvernement français contre l'immigration, n'ont pas dû vraiment beaucoup convaincre la jeunesse africaine pauvre. Pas plus que l'annonce faite par Chirac au même moment de la possibilité de délivrer des visas de longue durée et à entrées multiples, mesure qu'il a tenté de mettre en valeur, mais qui concerne des entrepreneurs, des cadres, ou des chercheurs africains, et pas cette jeunesse sans travail qui rêve d'émigrer en France dans l'espoir d'une vie meilleure.

Quant à la dénonciation qu'a osé faire Chirac du pillage dont a été victime le continent africain, de l'exploitation de ses matières premières, ou de la situation des paysans africains qui "doivent recevoir la juste rémunération de leur travail", elle a même dû sonner comme une provocation à bien des oreilles. Car la France, comme toutes les anciennes puissances coloniales, comme l'Angleterre, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne ou l'Italie, est responsable de ce pillage, et aujourd'hui les marchés du coton, du pétrole, du bois, de l'or ou des minerais de toute sorte sont toujours contrôlés par de grandes compagnies pétrolières, minières, agro-alimentaires de ces mêmes pays riches.

Alors le soutien que les dirigeants des ex-puissances coloniales, comme Chirac, peuvent apporter aux pays africains ressemble à celui de la corde à un pendu. Le fait que le président français ait pris la peine de féliciter Omar Bongo pour sa réélection fin novembre dernier est à cet égard bien significatif. Le président du Gabon est à la tête de ce petit "émirat pétrolier" du golfe de Guinée depuis 1967 et a toujours apporté son soutien à l'impérialisme français qui installa ses troupes dans les années soixante pour protéger les intérêts de ses sociétés dans le pétrole, l'uranium, le manganèse ou le bois précieux. Quant aux troupes françaises en Côte-d'Ivoire qui sont intervenues dans le même but, celui de soutenir un dictateur, Gbagbo, et de protéger les intérêts de patrons français, Chirac a osé affirmer qu'il préférerait que l'argent dépensé pour les y maintenir "aille aux paysans ivoiriens"!

Ce genre de réunions regroupant le dirigeant de l'ex-puissance coloniale et les représentants de ses ex-colonies est surtout un sommet... d'hypocrisie.

Partager