Un ministre plus promptà rouvrir des maisons de correction que des écoles02/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1948.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un ministre plus promptà rouvrir des maisons de correction que des écoles

Reprenant sa rengaine réactionnaire, Sarkozy a commencé par présenter le «sentiment d'impunité» comme étant à l'origine des récentes violences urbaines. Pour en conclure que l'ordonnance de février 1945, qui s'applique à l'enfance délinquante, n'est «plus adaptée à la jeunesse actuelle» et doit être rendue plus répressive, ce qu'avaient d'ailleurs déjà réclamé ses prédécesseurs dans la fonction de premier flic de France, Pasqua puis Chevènement.

Cette ordonnance de 1945, reconnaissant la primauté des mesures éducatives sur les sanctions, avait donné naissance pour les moins de dix-huit ans aux tribunaux et juges pour enfants et créé les institutions d'éducation surveillée. Cependant des maisons dites de correction ont continué de fonctionner et n'ont été supprimées qu'en 1979, par un ministre de droite, Peyrefitte, reconnaissant que ces maisons n'étaient que des écoles de la violence, dont les jeunes sortaient, pour la plupart, bien pires qu'ils n'y étaient entrés.

Mais s'il est illusoire de croire que l'enfermement des jeunes délinquants peut régler tous les problèmes qui pourrissent la vie quotidienne dans certaines cités, pour les politiciens qui le proposent ce n'est pas qu'ils y croient eux-mêmes, mais qu'ils espèrent récupérer des dividendes électoraux en retour de leurs discours. Ils ne peuvent plus ignorer que l'enfermement dans des «centres fermés», tels ceux qu'a fait ouvrir Chirac ou les huit prisons-écoles programmées par le gouvernement Raffarin, ne feront que reproduire ce que les maisons de correction avaient créé, des lieux où l'on apprend plus sûrement la haine que le sens de la solidarité collective. Quand Sarkozy déclare: «La première des préventions, c'est la certitude que la sanction tombera quand le crime ou le délit est commis», il veut faire croire qu'il suffit de durcir la répression pour supprimer les problèmes. Mais il n'y croit sûrement pas lui-même. La loi Perben, votée en 2002, a déjà renforcé les mesures répressives envers ceux qui sont accusés de petits délits, en particulier les plus jeunes. Et qu'est-ce que cela change? Cela a-t-il dissuadé la minorité de jeunes qui a brûlé des voitures ou incendié des édifices publics de le faire? Mais dans son rôle de père Fouettard du XXIe siècle, à défaut de résoudre les problèmes, ce qui est le cadet de ses soucis, il reprend la formule: «Bourgeois dormez bien, la police et son chef veillent. Dormez bien, et surtout votez bien en 2007.»

Partager