SNCF : Échos de la grève02/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1948.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Échos de la grève

Gare d'Austerlitz, à Paris - La grève éclair... la politique des syndicats

Lors de l'assemblée des grévistes du mercredi 23 novembre, de jeunes et moins jeunes adhérents et militants de la CGT de la gare d'Austerlitz ont fait connaître leur désaccord, certains exprimant même leur sentiment d'avoir été trahis. Ils estimaient que la direction SNCF n'avait rien lâché, ne comprenant donc pas pourquoi il fallait reprendre le travail.

Dès la veille au soir, les porte-parole des quatre fédérations ayant appelé à la grève, CGT, SUD, FO et FGAAC, avaient annoncé dans les médias que «la concertation» avec la direction avait apporté «des avancées positives». Il n'en fallait pas plus pour que la direction SNCF parle de reprise du travail, alors qu'aucune assemblée de grévistes ne s'était encore réunie. Joignant le geste à la parole, des membres de la direction avaient joint les responsables régionaux des syndicats pour s'entendre avec eux sur les conditions de la reprise du travail!

Orléans-les-Aubrais - Les cheminots contents d'avoir marqué le coup

À Orléans, le nombre de grévistes était loin de celui donné par la direction et très peu en dessous de ceux du 4 octobre. 72% des conducteurs étaient en grève, 63% des cheminots de la Voie, 50% des guichetiers et de ceux de l'Accueil, 47% des aiguilleurs.

Au lendemain de la grève, beaucoup étaient contents du doublement de la prime d'exploitation (120 euros minimum), mais certains remarquaient qu'elle était hiérarchisée et que les cadres non grévistes toucheraient donc plus. Les quelques embauches concédées dans les dépôts, la réduction du nombre de postes supprimés aux guichets et les quelques embauches à la Voie faisaient beaucoup discuter: la direction tiendrait-elle ce minimum de promesses? Quant à la réintégration d'ID-TGV dans le giron de la SNCF, elle était appréciée comme un recul symbolique, ne concernant que les huit cheminots qui y travaillaient et alors que cette filiale de droit privé de la SNCF était en train de boire le bouillon.

Pour les grévistes, la rapidité avec laquelle direction et pouvoirs publics ont ouvert les négociations est la preuve qu'ils craignent leur force collective et ils sont donc contents d'avoir marqué le coup.

Limoges - Les grévistes restent sur leur faim

À Limoges, la grève a été bien suivie le 22 novembre: 49% à l'Exécution, 94% à la Conduite. Il faut dire que la région subit de plein fouet les suppressions d'emplois.

Le 22 novembre, nous étions 250 et à l'assemblée générale la grève a été votée. Dès le lendemain pourtant, la conclusion d'un tract de la CGT donnait le ton: «La fédération CGT considère les avancées comme importantes et donne un avis positif»... à la reprise du travail. Pour sa part, la direction multipliait les pressions contre la grève, organisait des «piquets de travail» aux embauches, téléphonait à des cheminots chez eux. Cependant la grève était toujours suivie à 33% par les sédentaires et à 100% par les agents de conduite. De nombreux militants ne comprenaient pas qu'après avoir milité pendant plusieurs semaines pour une grève reconductible, la direction syndicale leur demande d'arrêter dès le deuxième jour.

À l'assemblée suivante des grévistes, les responsables de la CGT, majoritaire, expliquaient que la grève n'était pas assez suivie et appelaient, avec la FGAAC, à la reprise du travail. Malgré toutes ces pressions, 117 cheminots étaient pour continuer la grève, dont de nombreux agents de conduite.

Région lyonnaise «Pour une seule journée, ce n'est pas si mal»

À la gare de Lyon-Perrache, certains grévistes n'ont pas apprécié que mardi soir 22 novembre, à la télévision, Didier Le Reste, secrétaire fédéral de la CGT, laisse entendre que le travail allait reprendre, avant même qu'ils en aient discuté dans les assemblées prévues le mercredi et alors même qu'ils avaient voté, le même mardi, la poursuite de la grève.

Au triage de Sibelin, près de Lyon, l'embauche d'agents de conduite a été appréciée, car elle débloque la possibilité pour certains de faire l'école de conducteurs.

Mais pour tout le monde, question salaires et embauches, ce qui a été obtenu est tout à fait insuffisant... et la lutte pour obtenir satisfaction n'est que partie remise.

Région rouennaise - Rien n'est résolu

Aux Ateliers de Quatre-Mares, qui comptent 700 travailleurs à la réparation des matériels, le climat n'y était pas trop pendant la préparation de la grève, ce qui s'est traduit par de nombreux absents le mardi 22 novembre. Des travailleurs avaient posé une journée de congé, pour ne pas perdre d'argent mais aussi pour ne pas se fâcher avec leurs copains grévistes. Une manifestation en ville, avec d'autres grévistes d'autres secteurs de la SNCF, a rassemblé entre 400 et 500 personnes, ce qui n'était pas mal du tout. Mais à l'assemblée des grévistes le lendemain matin, les déclarations des directions syndicales de la veille au soir, se félicitant des prétendus acquis de la négociation, n'ont été nullement appréciées. La suite apparaissant ficelée, bien des cheminots ne croyaient plus à la poursuite du mouvement. À une petite majorité des présents, la reprise du travail fut votée.

Au dépôt des agents de conduite, la grève a été très suivie, même s'ils ont préféré reprendre tous ensemble, le deuxième jour. En revanche, les contrôleurs de Rouen ont reconduit la grève pour le mercredi pour, ainsi qu'ils l'ont exprimé, «ne pas reprendre le travail au coup de sifflet».

Dans les trois secteurs, l'amertume devant l'attitude des directions syndicales le dispute à la satisfaction d'avoir marqué le coup: «On n'a pas gagné grand-chose mais, pour une seule journée de grève, ce n'est pas si mal!»

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