La conférence sur le changement climatique : Le sort de la planète est dans de mauvaises mains!02/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1948.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La conférence sur le changement climatique : Le sort de la planète est dans de mauvaises mains!

Le 28 novembre s'est ouvert à Montréal, au Canada, la conférence des Nations unies sur le changement climatique. Elle se terminera le 9 décembre prochain. En recevant 10000 participants, elle doit être la plus importante conférence sur le climat organisée depuis celle de Kyoto, tenue en 1997, qui avait donné lieu à l'élaboration d'un protocole entré théoriquement en application en février dernier.

Ce texte fixait aux pays signataires des objectifs de réduction ou de limitation des émissions de gaz à effets de serre (GES), dont la responsabilité dans les changements climatiques actuels est difficile à mesurer, mais certaine. Ces objectifs sont censés être atteints d'ici 2012.

La présente conférence entend d'abord examiner ce qui a été mis en route réellement. Or, le protocole est loin d'être entré en application partout puisque, par exemple, les États-Unis, le pays le plus pollueur de la planète (il représente le quart de la pollution actuelle), ne l'a pas ratifié, ses dirigeants d'entreprises, et ceux qui les représentent au gouvernement, entendant n'être contraints par rien.

Quant aux pays qui ont pris des engagements, tout indique qu'ils ne seront pas tenus. Ainsi, le pays qui accueille cette conférence, le Canada, avait l'intention de réduire de 6% ses émissions de GES par rapport à 1990. Mais, du fait des réticences des industriels, sa pollution a augmenté en réalité de 24% et l'objectif est maintenant de 30% de réduction, ce qui a tout d'une gageure!

Les mises en garde du monde scientifique sur la pollution ne manquent pourtant pas. La veille encore de l'ouverture de la conférence, le président de l'Académie des Sciences britannique évoquait les conséquences extrêmes du réchauffement actuel de la planète: «Inondations, sécheresses et ouragans atteignent des niveaux qui justifient de les comparer à des armes de destruction massive.» Et il estime que, si rien n'est fait, la côte des États-Unis sur le golfe du Mexique deviendra inhabitable. Mais il constatait aussi que «les responsables politiques sont actuellement plus préoccupés par les coûts de l'action que par les conséquences pour la planète d'agir trop peu et trop tard».

Cela ne va pas empêcher la conférence d'examiner «la suite de Kyoto», avant même qu'il y ait eu un début de commencement! Même si les pays ayant signé le protocole de Kyoto ne représentent que 30% des émissions mondiales de GES, ils entendent exercer des pressions sur des pays comme le Brésil, la Chine et l'Inde pour qu'ils s'impliquent dans la réduction de la pollution, tandis que les États-Unis continueront de camper sur leur position (ce qui ne les empêche pas de faire la morale aux pays pollueurs!).

Il y a cependant des aspects du protocole de Kyoto où les industriels peuvent se montrer «vertueux». Il permet en effet aux entreprises qui réduisent leur pollution de vendre ensuite des crédits d'émission aux entreprises polluantes. Dans l'esprit de Kyoto, il s'agit de réaliser une péréquation entre pollueurs et non-pollueurs et freiner ainsi la pollution. Mais, dans la réalité du monde capitaliste où tout s'achète et tout se vend, la possession de ces droits de polluer fait l'objet d'une spéculation.

Ainsi, l'entreprise française Rhodia vient d'annoncer à la presse boursière que des travaux pour diminuer la pollution sur des sites au Brésil et en Corée du Sud lui permettront d'obtenir des crédits d'émission. Et si Rhodia se lance ainsi, c'est que, les pollueurs étant plus nombreux que les dépollueurs, la demande en droits de polluer fait grimper considérablement leurs prix. Pour un investissement de 14 millions d'euros contre la pollution, Rhodia devrait empocher, selon la presse économique, entre 230 et 270 millions d'euros!

Dans la société capitaliste, quels que soient les problèmes soulevés -et celui du réchauffement de la planète n'est pas une mince affaire- on se heurte, à tout instant, à la loi du profit. Et les États, qu'ils soient signataires ou pas du protocole de Kyoto, n'ont pas l'intention d'exercer la moindre pression sérieuse sur les industriels pollueurs, qui ne prendront des mesures que s'ils y trouvent un intérêt économique.

Et quelles que soient les déclarations d'intention qui sortiront de cette conférence -s'il en sort quelque chose- il n'y a rien à attendre de ceux qui dirigent le monde capitaliste pour préserver la planète.

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