Renault - Flins (Yvelines) : Nouveau modèle, exploitation à l'ancienne28/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1943.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault - Flins (Yvelines) : Nouveau modèle, exploitation à l'ancienne

Depuis le 23 août, l'usine Renault de Flins produit la Clio III. Avec l'arrivée de ce nouveau modèle, la direction a mis en place un "contrat de performance" supposé permettre d'atteindre en neuf mois (sic) des niveaux de qualité et de productivité obtenus précédemment en deux ans. Tous les arguments sont bons pour nous faire accepter ce contrat: si les objectifs ne sont pas atteints, nous ne pourrons pas fabriquer la remplaçante de la Clio et l'usine risquerait de fermer! Chantage que les plus anciens ont eu l'occasion d'entendre déjà maintes fois...

Travailler sur la ClioIII, selon les chefs, devait être une vraie partie de plaisir: tous les problèmes d'ergonomie devaient être résolus, les postes de travail devaient être soulagés pour que des ouvriers de plus de cinquante ans -la moitié de l'effectif encore à l'usine aujourd'hui- puissent les tenir. Il devait y avoir des assistances pour aider à monter les pièces lourdes sur les voitures. Bref, les chefs avaient pensé à tout!

Or, sur l'ancienne Clio, nous avions des assistances semi-automatisées. Maintenant, soit elles n'existent plus, soit elles sont en panne... depuis le redémarrage le 23 août dernier.

Alors, dans le secteur du Montage, c'est à la main que nous mettons en place les disques de frein et les étriers sur le train avant, chacun pesant plus de 15 kilos.

Pour fixer sous le toit de la voiture "l'insonorisant pavillon", une plaque en goudron, l'assistance est en panne. Il nous faut le fixer à la main en utilisant... le système D: monter dans la voiture avec la pièce, la plaquer au plafond, puis une fois descendu du véhicule, essayer, avec un rouleau de peintre au bout d'un manche, de la coller définitivement au toit. Du vrai bricolage!

Sur la chaîne où l'on monte les portes sur les voitures, les balancelles qui tiennent ces portes ne sont pas au point. On risque à tout moment de recevoir une porte sur la tête. Ce problème existait avec l'ancienne Clio, il persiste avec la nouvelle. Plusieurs travailleurs ont déjà été blessés suite à la chute d'une porte: hématome au bras, doigts retournés, coupure à la tête...

À plusieurs reprises, tous les travailleurs du secteur ont arrêté le travail pour exiger que la maîtrise trouve des solutions. Mais elle n'est pas vraiment pressée, en tout cas pas autant que pour atteindre le plus vite possible l'objectif fixé par la direction!

Trois nouvelles montées en cadence sont programmées, une a eu lieu le 17 octobre, une autre est prévue cinq semaines plus tard et la dernière en février 2006. De 57 voitures à l'heure, la direction voudrait arriver à 62 voitures à l'heure, sans ajouter aucun poste. Elle a même l'intention d'en supprimer un sur dix! Son objectif est: 10% de gain de productivité, et ce le plus vite possible.

Quant au secteur de la Tôlerie, les postes y sont chargés au maximum et de plus en plus directement liés à la chaîne, sans laisser la moindre souplesse. En Peinture, plusieurs dizaines de postes ont été supprimés et les charges de travail sur les postes restants ont bien sûr augmenté. Mais cela n'est pas passé sans réaction du personnel. Au Mastic, en particulier, les travailleurs ont débrayé pour protester contre les charges de travail et exiger des postes supplémentaires.

Résultat, la direction déplore le trop grand nombre de retouches, de pièces détériorées, de vis non serrées, etc. En fin de chaîne, une voiture sur deux doit passer sur le plateau de retouche. Comme palliatif, la direction a décidé de faire deux arrêts de chaîne d'un quart d'heure chaque jour pour réunir tous les salariés par secteur; un des ouvriers est interrogé par un chef devant tous les autres pour savoir pourquoi il a oublié de visser telle ou telle vis sur le millier qu'il fixe en 7h30 de travail... Comme si nous étions responsables des charges de travail, des assistances qui ne fonctionnent pas, etc.

Ces conditions de travail et les pressions de la maîtrise ne sont pas restées sans réaction. Depuis la rentrée il y a eu plusieurs débrayages au Montage et en Peinture. Ils pourraient bien en annoncer d'autres et de plus massifs, car le ras-le-bol grandit de jour en jour.

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