Privatisation d'EDF : Le secteur public au secours des capitalistes privés28/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1943.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Privatisation d'EDF : Le secteur public au secours des capitalistes privés

Dès la fin de la grève de la SNCM, le gouvernement a annoncé l'ouverture du capital d'EDF. Il était alors rassuré. Pas la moindre étincelle du conflit des marins ne pouvait plus se propager chez les électriciens. Il est vrai que le principe de la privatisation partielle d'EDF était acquis depuis des mois, et que le changement de statut d'EDF et GDF, voté par le Parlement à l'été 2004, signifiait, aux yeux d'un grand nombre d'employés, que les jeux étaient faits.

L'ouverture du capital débute le 28 octobre et la première cotation boursière est prévue pour le 21 novembre au plus tard.

Sept milliards d'euros, au maximum, seront mis sur le marché représentant 15% du capital d'EDF ce qui signifie que la valeur de cette dernière est estimée à environ 50 milliards d'euros, ce qui ne paraît pas cher payé. Les investisseurs bénéficieront, comme pour Gaz de France il y a quelques semaines, d'un prix cadeau.

Mais pourquoi faire cette ouverture du capital? Pour "permettre à EDF quand elle fait des acquisitions, de pouvoir les faire dans de meilleures conditions qu'en s'endettant", dit Breton, le ministre des Finances et de l'Économie. Cela signifie que la politique d'EDF de rachat à tour de bras de sociétés électriques étrangères (les acquisitions) va se poursuivre. En outre il est prévu qu'EDF investisse 40 milliards d'euros d'ici 2010, dont au moins la moitié en France. Pour la moitié française, il s'agit essentiellement d'une relance du nucléaire.

Dans le même temps a été conclu le nouveau contrat de service public État-EDF. Pour faire passer la pilule de la privatisation d'EDF, il est prévu quelques mesures d'aide aux plus démunis, qui ne coûtent pas bien cher. Mais surtout, ce contrat donne des indications sur la future politique tarifaire. En effet, à partir du 1er juillet 2007, dans moins de deux ans donc, l'ouverture du marché de l'électricité sera complète. Jusqu'ici elle est limitée aux gros consommateurs, elle sera alors étendue aux "particuliers" c'est-à-dire à tout le monde.

Il est prévu que les tarifs ne seront pas supérieurs à l'inflation pendant cinq ans. Mais cinq ans c'est vite passé. Et puis il faut savoir ce qui se passe actuellement pour les clients "professionnels". Lorsqu'il y a la moindre modification du contrat, le client est soumis au tarif libre, plus élevé. En sera-t-il de même avec les particuliers, dès 2007? Le moindre déménagement par exemple, et ce serait la fin du tarif régulé?

Il faut savoir aussi que si les tarifs de vente de l'électricité sont encadrés par l'État, en revanche les prix des services (et parmi eux, il y a les nouveaux contrats, les coupures de lignes et les rétablissements, etc.) ont beaucoup augmenté. Bref, même si le prix de l'électricité n'augmente pas tout de suite, les abonnés devront peut-être payer bien plus cher.

Toutes les pièces du mécanisme qui permettront de pomper de l'argent aux particuliers afin de payer les actionnaires d'EDF se mettent en place. Il s'agit d'un branchement capitaliste sauvage à très haute tension.

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