Pénurie de logements sociaux : Nouveau projet et vieille politique28/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1943.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pénurie de logements sociaux : Nouveau projet et vieille politique

Le nouveau plan d'"Engagement national pour le logement" que Jean-Louis Borloo projette viserait à lutter contre la pénurie de logements. En fait, il se résume à l'annonce de quelques mesures modestes, même pas toutes nouvelles.

La pénurie de logements étant souvent prétenduement expliquée par le manque de terrains à construire, Borloo promet d'en trouver. Non pas en arrêtant la spéculation sur les terrains et en faisant baisser d'autorité leurs prix, non pas en les réquisitionnant de façon à ce que l'État puisse entreprendre immédiatement la construction de logements corrects et à bon marché en nombre suffisant. Non. La mainmise autoritaire sur des terrains achetés à bas prix, les gouvernements savent le faire seulement lorsqu'il s'agit d'imposer un tracé d'autoroute ou de voie ferrée sans tenir compte de l'avis des habitants des régions traversées.

Mais Borloo n'envisage pas une telle procédure dans son nouveau plan, également intitulé "habitat pour tous". Il évoque seulement l'idée de mobiliser des terrains appartenant à l'État -comme ceux de certains ministères- ou à des entreprises publiques -comme la SNCF ou la RATP- pour y construire des habitations dites sociales au rythme de 20000 logements tous les trois ans, soit moins de 7000 par an.

Pour Borloo et le gouvernement, s'il y a urgence en matière de nombre de logements à réaliser, c'est donc surtout dans les discours. Sans compter que de tels terrains publics, lorsqu'ils sont bien situés, en centre-ville, sont lorgnés depuis des années par des promoteurs immobiliers auxquels le gouvernement Villepin a bien peu de choses à refuser. Moyennant l'engagement de réaliser quelques logements qualifiés de sociaux dans les nouveaux programmes immobiliers, ils n'auront probablement que peu de mal à obtenir les terrains en question. D'autant moins d'ailleurs que le projet Borloo prévoit de nouvelles incitations fiscales pour les investisseurs privés qui y achèteront des logements à louer.

Par ailleurs, le projet prévoit de renforcer les pouvoirs des préfets afin de leur permettre de délivrer eux-mêmes les permis de construire, dans le cas où les maires (jusqu'ici seuls autorisés à les délivrer) seraient opposés à un projet immobilier déclaré "d'intérêt national" parce que comprenant des logements sociaux. Mais depuis très longtemps, les préfets disposent du pouvoir de réquisitionner les logements vacants afin d'y loger dans l'urgence les personnes mal logées ou sans logis. Or, ils n'en font pour ainsi dire jamais usage.

Avec ce nouveau projet et les promesses du ministre du Logement, il n'y a guère à attendre d'amélioration dans la situation catastrophique de tant de familles laborieuses qui ont de plus en plus de mal à se loger correctement.

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